Qu’est-ce que la reprise en K promise à notre économie ?

Publié le 12 octobre 2020
Confinement

Les économistes s’interrogent sur les modalités de reprise des économies, après un été où la conjoncture a fortement varié, malgré un rebond fort dans la plupart des pays européens touchés par la pandémie. Avec la reprise de la propagation de la Covid-19, les analystes brandissent désormais l’hypothèse d’une « reprise en K », dans laquelle les différents secteurs économiques ne se remettraient pas tous de la même manière. Décryptage.

Reprise en V, en L, en W, ou en N inversé… Autant de scénarios conjecturés pour rendre compte de l’évolution de notre économie après le choc du printemps dernier. Celle dite “en K”, avancé par Marc Touati, économiste et président d’ACDEFI, tient désormais la corde pour anticiper les prochains mois.

Selon ce type de projection, certains pays et certains secteurs d’activité sortiront de la crise par le haut tandis que d’autres continueront probablement leur chute. Ces deux hypothèses sont matérialisées par les deux branches formées par la lettre K. Alors que la reprise économique constatée cet été paraît désormais menacée par la seconde vague de la pandémie, la projection en K tend à s’imposer pour décrire la situation actuelle.

Lors d’une conférence organisée par le Wall Street Journal, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne a fait part de ses inquiétudes quant au renforcement des mesures de confinement sur la reprise européenne. Espérant tabler sur une reprise en V, celle-ci craint que “la deuxième branche du V soit un peu plus tremblante” que prévu. 

Des gagnants et des perdants

La crise économique entraînée par la pandémie ne serait pas la seule responsable dans de nombreux cas de la croissance et de la récession connue par les différents secteurs économique. La crise sanitaire aurait ainsi joué le rôle de catalyseur de certaines tendances de long terme, qui aurait connu à cette occasion une brusque accélération. 

Le modèle en K, qui fait écho au concept de « destruction créatrice » théorisé par Schumpeter, semble annoncer le bouleversement de l’économie et des industries qui y sont attachées. Certains secteurs, tels que celui de la tech, ont largement tiré leur épingle du jeu et font partie de la branche haute du K. Amazon, Microsoft ou encore Apple bénéficient de l’essor du numérique à l’heure du tout digital. Sans surprise, Amazon prend la première place du podium avec plus de 400 milliards de dollars de valeur en bourse gagnés, suivi par Microsoft (+269,9 milliards de dollars) et Apple (+219,1 milliards d’euros). 

À l’opposé, les secteurs de l’aérien, de l’automobile et du tourisme/hôtellerie font grise mine et suivent la tendance de la branche basse. La disparition de Thomas Cook, acteur emblématique du tourisme, est une illustration de l’ampleur de ces bouleversements. “L’hôtellerie française est en train de connaître le plus grand plan social de son histoire”, note Didier Chenet,  président du GNI (Groupement National des Indépendants). “Elle a déjà perdu près de 20% de ses effectifs”, a-t-il déploré.”

Au niveau macro-économique, cette forme de reprise tendrait aussi à creuser les inégalités entre les différents pays, y compris au sein de mêmes ensembles économiques. Au sein des pays de l’OCDE, les Etats-Unis et l’Allemagne tiennent le haut du K avec une reprise positive. A contrario, certains pays de la zone euro – à l’instar de l’Italie ou de l’Espagne- pâtissent encore des effets négatifs de la crise sanitaire. Sur l’ensemble du premier semestre 2020, le PIB français s’est quant à lui effondré de 18,9% contre « seulement » 10,1% aux Etats-Unis. 

Les pays se distingueraient ainsi selon leur résilience économique. Parmi les performances notables, la Chine, qui a connu dès l’origine les conséquences négatives de la crise sanitaire sur son économie et a aussi subi de plein fouet le ralentissement du commerce mondial, indique avoir déjà repris des couleurs économiquement. Alors même qu’il s’agit du point de départ du virus.