L’OMC donne raison à l’UE dans le conflit entre Airbus et Boeing

Publié le 14 octobre 2020
Airbus

L’avionneur américain Boeing et son concurrent européen Airbus s’affrontent depuis près de 16 ans devant l’OMC dans plusieurs batailles juridiques portant sur les différentes aides versées de part et d’autre, en provenance de Bruxelles et Washington. Ces aides, parfois déguisées, sont considérées comme illégales par l’OMC car faussant la libre concurrence. L’addition pour Boeing pourrait s’élever à 4 milliards de dollars si l’Union Européenne décidait de poursuivre le bras de fer commercial engagé depuis 2004.

Alors que c’est cette fois-ci au tour de Washington d’être inquiété pour ses aides versées à Boeing, l’année dernière c’était bien l’Union Européenne qui était mis en cause par l’OMC. 

Une lutte commerciale vieille de 16 ans 

En effet, en 2019, l’OMC avait donné raison aux Etats Unis et les avait autorisé à imposer une taxation dont le montant s’élevait à 7,5 milliards de dollars. En conséquence les Etats Unis ont donc appliqué des droits de douanes punitifs sur les produits provenant de l’Union Européenne à hauteur de 25%, sur des produits comme le vin et le fromage touchant ainsi particulièrement la France.

Le seuil des taxes sur les avions produits par Airbus est lui passé de 10 à 15% en mars 2019. C’est donc une véritable bataille tarifaire qui se joue entre Etats Unis et UE, qui représentent deux des trois plus grands exportateurs mondiaux. L’élection du candidat démocrate Joe Biden, moins protectionniste que l’actuel locataire de la Maison Blanche pourrait peut être contribuer à une désescalade de cette surenchère douanière, mais les analystes restent dubitatifs sur les perspectives d’apaisement de la concurrence commerciale entre les deux rives de l’Atlantique.

Un secteur fragilisé et bientôt privé de subventions

Pour soutenir ce secteur qui nécessite des investissements colossaux, Bruxelles comme Washington ont eu recours à des subventions déguisées pour soutenir leurs champions de l’aérien. Alors que la France et l’Espagne avaient consenti des avances financières à Airbus avec des intérêts jugés trop faibles par l’OMC, l’Etat de Washington, au Nord Ouest des Etats Unis avait quant à lui mis en place une exonération fiscale, depuis abrogée, réduisant le taux d’imposition des sociétés aéronautiques de 40%, faisant ainsi économiser plus de 300 millions de dollars à Boeing. 

La fin de ces aides déguisées intervient au plus mauvais moment dans un contexte de crise sanitaire qui touche le secteur de plein fouet. Seul motif de consolation pour l’avionneur européen, Airbus semble se trouver dans une position plus favorable que son principal concurrent américain, dans la mesure où ce dernier connaissait déjà d’importantes difficultés avant la crise sanitaire à cause notamment des baisses de commandes liées aux deux accidents de Boeing 737 MAX ayant causé la mort de 346 personnes.