Le gaz naturel liquéfié est-il le grand gagnant de la crise sanitaire dans le secteur énergétique ?

C’est une reprise en K qui se dessine avec des gagnants et des perdants. Et le secteur de l’énergie ne semble pas échapper à cette situation, qui propulse d’ores et déjà sur le devant de la scène le gaz naturel liquéfié (GNL). Cette énergie fossile, plus respectueuse de l’environnement que le pétrole, atteint des sommets, malgré les effets de la crise sur la consommation.

Ce n’est pas Cheniere Energy, numéro deux mondial du GNL, qui dira le contraire. La compagnie américaine, qui réalise les trois-quarts de la croissance de ses ventes en Asie, profite en effet de l’essor de cette énergie plus verte que l’or noir et plus flexible que le gaz naturel pour doper ses activités.

Le GNL, nouvel or noir de la transition énergétique 

Pour faire face au recul de la demande gazière et surmonter les effets de la crise, les producteurs, tels que le mastodonte russe Gazprom, ont su ajuster le tir en s’orientant vers une utilisation du gaz pour le chauffage à défaut des transports. Une action bienvenue qui a notamment permis de limiter la casse tant sur les cours boursiers que sur le recul de la consommation de gaz.

Cet été est d’autant plus révélateur de l’essor du GNL qui atteint des sommets et se vend désormais plus de 14 dollars par MBtu (millions de « British thermal units », une unité d’énergie utilisée pour le gaz) en Asie. « Des niveaux records », confirme Thierry Bros, spécialiste de l’énergie, professeur à Sciences Po Paris. C’est un autre son de cloche qui retentit outre-Atlantique. Cheniere se procure de son côté son gaz pour environ 4 dollars sur le marché américain, déprécié par la montée en puissance du gaz de schiste. Même si la compagnie engage d’autres dépenses dans le cadre du processus d’achat du gaz, elle parvient tout de même à dégager des marges confortables.

La consommation européenne n’a pas dit son dernier mot, dopée par la stratégie de Moscou qui ambitionne de devenir un grand exportateur de GNL. En limitant ses exportations de gaz au Vieux Continent, Gazprom participe au mouvement haussier des cours. Une stratégie qui devrait également permettre à la firme de redorer le blason du gazoduc Nord Stream 2, son projet controversé soutenu par l’Allemagne et ralenti par les Etats-Unis.

Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que le marché du GNL retrouvera bientôt son équilibre sur l’ensemble des continents, soutenu par les stratégies climatiques déployées par les Etats à l’approche de la COP26. L’Agence internationale de l’énergie table de côté sur une croissance de 21 % entre 2019 et 2025, boostée par une demande exponentielle.