Le début de l’année 2021 signe un fort rebond des ventes de champagne

Malgré des difficultés à venir, notamment dans la récolte et le reprise de son nom par des producteurs russes, les estimations de vente et de production du célèbre vin pétillant devraient avoisiner celles de 2019, année record dans le secteur.

Mardi 21 juillet se réunissait le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) lors d’une réunion pour fixer le rendement avant la vendange. Malgré une année 2020 fortement touchée par la crise sanitaire, notamment par la baisse de l’exportation, le rendement statué pour 2021 a été statué à 10 000 kg de raisins à l’hectare. Un chiffre presque aussi élevé qu’en 2019, qui avait constitué une année record pour le champagne.

Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) a notamment ajouté que « les prévisions de ventes pour 2021 tablent sur un montant total compris entre 290 millions et 300 millions de bouteilles. A comparer aux 244 millions commercialisées en 2020 ». Cette estimation est calculée sur les six premiers mois de l’année, et celle-ci a réservé des surprises pour les 21 000 vignerons de la SGV, qui ne s’attendaient pas à une telle hausse des expéditions. « Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et en Europe du Nord, le redémarrage est très fort », explique Maxime Toubart.

Inquiétudes sur le contournement de l’appellation

Jouissant d’un prestige mondial, le vin de Champagne est la boisson la plus emblématique de France, grâce à son appellation d’origine contrôlée. Son succès fait donc des envieux. Afin de contourner les règles, une loi russe datant du 2 juillet oblige les distributeurs « à troquer l’appellation « champagne » sur la contre-étiquette contre celle de simple « vin pétillant », au profit du vin à bulles russe. Une décision qui n’est pas du tout au goût du CICV, qui a rétorqué en demandant aux vignerons français de stopper les exportations en direction de la Russie. Loin d’être seuls, les diplomates français rejoindraient le CICV si nécessaire, pour entamer des négociations avec l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce.

David Chatillon, directeur général de l’Union des maisons de champagne (UMC) tempère en rappelant que « la Russie ne représente que 1,8 million de bouteilles », tout en soulignant qu’elle représente « un marché haut de gamme et surtout d’avenir ». Cependant, il y a fort à parier que les usurpations ne puissent pas, même avec le temps, faire de l’ombre au Champagne, dont la réputation se construit depuis des centaines d’années, du roi Henri IV en passant par le moine cellérier Dom Pérignon, de l’abbaye bénédictine d’Hautvilliers.

Des difficultés météorologiques

L’année 2020 n’a pas été aussi difficile que l’avaient prévu les vignerons de Champagne. Avec un consensus de 8 000 kg/hectare, le CICV a autorisé un complément de 400 kg des récoltes avec les réserves. Cependant, même avec une sous-estimation du nombre de ventes, le secteur a comptabilisé une perte d’un milliard d’euros, après avoir remporté 5 milliards en 2019.

Après les tentatives d’usurpations de nom de la part des Russes, c’est le mildiou qui a en effet son entrée dans le tableau. « Je n’ai jamais vu ça. Depuis mai, nous avons de l’eau. Les excès de pluie font des dégâts, en particulier dans la vallée de la Marne. Le mildiou a fait son apparition depuis un mois et on ne peut pas sortir les tracteurs et les produits de traitement sont lessivés », explique M. Toubart. Une situation qui inquiète, mais qui ne semble pas fragiliser outre mesure un secteur qui compte beaucoup sur la reprise de l’économie française et européenne pour poursuivre son essor, fort de plusieurs siècles de reconnaissance internationale.