Vers une nouvelle carte de France du marché immobilier ?

Les achats immobiliers des ménages entre la fin de l’année 2020 et le début de l’année 2021 montrent une volonté généralisée de s’installer dans des communes à taille humaine, avec un rythme de vie plus calme que dans les grandes métropoles. Une tendance éphémère ou le signe d’une restructuration profonde du marché de l’immobilier ? 

C’est un fait indéniable, la pandémie de Covid-19 et les différents confinements qu’elle a engendrés ont changé les habitudes des français vivant dans les grandes métropoles. Habitués à vivre à toute vitesse et à profiter de tout ce que peut offrir l’activité des grandes villes, la majorité d’entre eux s’est retrouvée face à une situation d’enfermement difficilement supportable lorsque tout s’est arrêté. Pendant que ceux qui pouvaient profiter de leurs jardins et mètres carrés à la campagne le faisaient avec béatitude. Une prise de conscience collective qui a généré une attirance pour les villes moyennes, et lancé une dynamique de rééquilibrage territorial

 Un phénomène d’exode urbain

Alors que depuis la seconde moitié du 20ème siècle, la dynamique migratoire était marquée par un phénomène d’exode rural, où la population de la campagne se déplaçait vers la ville, on constate un phénomène inverse aujourd’hui. Les indices de cet exode urbain sont, pour Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale des agents immobiliers, d’une part le déplacement des acquéreurs vers des villes plus petites que leur ville d’origine, ce qui est le cas pour 22% d’entre eux, contre 3% qui sont allés vers des villes plus grandes. D’autre part, l’augmentation du nombre de résidences secondaires, à moins de 2 heures des grandes villes, qui facilitent l’alternance entre télétravail et migrations pendulaires tout en offrant un cadre de vie plus calme que les grands centres urbains. 

La Normandie a bénéficié de ce phénomène, avec des taux d’achat en hausse de 6% (Eure et Orne) et l’Yonne également (9%), des départements situés en périphérie de l’Ile-de-France. Une dynamique encore précaire, mais qui pourrait perdurer à plusieurs conditions selon Jean-Marc Torrollion : « La durabilité du phénomène au-delà des envies nées en confinement, dépendra de nombreux facteurs, au premier rang desquels les accords collectifs sur le télétravail »

La ville moyenne, habitat du futur ? 

Selon une enquête de l’ONU, 70% de la population terrestre habitera une ville en 2050. Mais la crise sanitaire semble avoir rebattu les cartes de la ville idéale, qui n’est plus la métropole. Offrant un cadre de vie plus tranquille et avec des coûts réduits, la ville moyenne apparaît comme un nouvel El Dorado citadin. Un constat qui s’accompagne d’une concomitance avec les besoins de la transition écologique : avec le déplacement de la population vers un nouvel habitat en construction, s’offre une occasion inattendue de créer une ville en accord avec les objectifs de préservation des écosystèmes et de diminution de la pollution en créant de nouveaux bâtiments s’appuyant sur des innovations technologiques permettant de réduire la consommation, telle que celles proposées par NamR

L’axe Paris-Province, point clé de la construction urbaine en étoile de la France et vecteur principal de l’aménagement du territoire, conserve toutefois un bel avenir, avec une demande qui continue d’être forte partout, même dans les grandes métropole selon Jordan Frarier, directeur transaction France de Foncia, qui considère que le marché se stabilisera avec la reprise d’une activité normale dans tous les secteurs. L’avenir semble en tout cas plein de surprises et de promesses, et les indicateurs nous donneront plus d’informations d’ici quelques mois.