Eurostar va pouvoir continuer de transporter des voyageurs sous la Manche, grâce à un plan de sauvetage de 290 millions d’euros

La compagnie transmanche Eurostar, encore proche du dépôt de bilan il y a quelques semaines, a obtenu un accord de financement de 290 millions d’euros. L’opération de sauvetage a été rendue possible grâce aux actionnaires.

Alors qu’Eurostar était encore proche de la cessation de paiement il y a quelques semaines, la société a obtenu un accord de financement de 250 millions de livres (soit 290 millions d’euros). La pandémie du Covid-19 a en effet mis à mal la compagnie, dont le chiffre d’affaires qui culminait à 1,1 milliard d’euros en 2019 a chuté de 95% en 2020.

Il est ainsi précisé dans le communiqué de l’entreprise que «  les mesures de soutien décidées ce jour lui permettront de faire face à ses obligations financières à court et moyen termes ». La poursuite de l’activité est donc rendue possible par la mobilisation des actionnaires. Ces derniers se sont engagés à soutenir la compagnie avec 50 millions de livres de capitaux, 150 millions de livres en prêts garantis et une restructuration de 50 millions de crédits existants. 

Ce refinancement in extremis est une « étape majeure pour assurer la pérennité d’Eurostar et des voyages entre le continent et la Grande-Bretagne » assure Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs. D’autant plus que l’Eurostar qui est détenu par la SNCF à 55%, la Caisse dépôts et placement du Québec à 30%, Hermès Infrastructure 10% et la compagnie ferroviaire belge SNCB à 5%, n’a pas été aidé par les Etats français et britannique. Les deux gouvernements se sont déchargés de cette responsabilité.

La France a refusé d’accorder des prêts garantis à l’Eurostar dont le siège est domicilié au Royaume-Uni, qui, pour sa part, se défendait de ne plus être actionnaire de la société depuis 2015. Si la compris a réduit ses charges par le licenciements des cadres dirigeants, le gel des primes des «  roulants » ou  encore la renégociation des contrats avec fournisseurs de maintenance et de restauration, ces efforts n’ont pas suffit et l’intervention des actionnaires s’avère être la dernière solution de secours.

Reprise progressive du trafic 

Le trafic devrait reprendre progressivement entre la France et le Royaume-Uni, alors que les trajets ont connu un coup d’arrêt brutal dès le début de la crise sanitaire, avec en prime la distanciation liée au Brexit. Le contexte sanitaire a en effet eu raison du modèle économique de l’Eurostar puisque les déplacements transmanche sont, à grande majorité, motivés par le business. Le développement massif et instantané du télétravail a drastiquement réduit le nombre de passagers quotidiens, qui est passé de 12 000 à 500.

L’offre ferroviaire a été adaptée en conséquence. Ainsi il n’y a plus qu’un seul aller-retour Paris-Londres quotidien contre quinze en temps normal, de même qu’un seul Londres-Bruxelles par jour contre neuf avant la crise. Comme le précise le communiqué l’ Eurostar « augmentera la fréquence progressivement au cours de l’été, au fur et à mesure de l’assouplissement escompté des restrictions de voyage ». Ainsi à compter du 27 mai il y aura deux allers-retours Paris-Londres quotidiens puis, trois par jour, dès fin juin.