Faire de la prévention une priorité stratégique

Face à l’intensification des aléas climatiques, la question de l’assurabilité devient centrale. Le modèle français de couverture des catastrophes naturelles, fondé sur un partenariat public-privé, repose sur un équilibre entre solidarité et responsabilité. Cet équilibre est aujourd’hui mis sous pression par la montée en puissance des sinistres. À terme, le régime ne pourra fonctionner efficacement que si la prévention est pleinement activée en amont.

Pour tout risque majeur, qu’il soit anthropique, industriel, technologique ou naturel, la prévention est ce qui rend le risque in fine assurable, réduit les coûts et compense l’aléa moral d’un régime solidaire qui a choisi de ne pas tarifer le risque via le taux de surprime. Et la prévention en matière de risques naturels fonctionne très bien.

Elle permet de sauver des vies, de limiter les ruptures d’activité, de préserver l’assurabilité des territoires. Chaque euro investi par le Fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit « Fonds Barnier » évite en moyenne trois euros de dommages – et jusqu’à huit lorsqu’on y ajoute l’effet levier des financements locaux. Prévenir, c’est anticiper, protéger et agir.

La prévention, intrinsèquement liée à l’assurance et à l’indemnisation

Dans cette dynamique, l’un des principaux leviers publics reste justement le Fonds Barnier. Il constitue une ressource précieuse pour soutenir les actions de prévention.

Son renforcement dans la Loi de finances initiale 2025 à hauteur de 300 millions d’euros va dans la bonne direction, même si ces progrès sont fragiles et par ailleurs insuffisants pour réaligner complètement l’utilisation des fonds à des fins de prévention sur le prélèvement sur la surprime.

De même, la création d’une ligne budgétaire dédiée de 28 millions d’euros pour financer des mesures de prévention individuelle face au retrait-gonflement des argiles (RGA) marque dans son principe une avancée notable.

Ce phénomène géotechnique, aggravé par le changement climatique, provoque en effet des fissures sur des millions d’habitations à travers le pays et est devenu le premier poste de sinistres pour le régime CatNat, désormais devant les inondations.

Construire une véritable résilience climatique

Au-delà de ses rôles de réassureur et de conseiller, notamment, des pouvoirs publics, CCR agit également comme investisseur institutionnel, en contribuant à structurer une véritable filière française de la résilience climatique. C’est le sens du lancement, aux côtés de notre partenaire Starquest, du fonds CCR-F, doté d’une ambition initiale de 100 millions d’euros.

L’objectif : soutenir l’émergence de solutions concrètes et innovantes en matière de prévention des catastrophes naturelles et d’adaptation au changement climatique.

Nous sommes persuadés chez CCR que cette filière privée jouera un rôle essentiel à l’avenir aux côtés des financements publics désormais plus restrictifs, dans le cadre d’une approche partenariale similaire à celle existant déjà pour l’indemnisation.