Anastasia Feuerstein (Strasbourg Ynov Campus) : Apprendre d’un territoire, former pour ancrer l’avenir

Directrice de Strasbourg Ynov Campus, Anastasia Feuerstein défend une vision de l’éducation profondément connectée à son territoire. Pour elle, former les talents de demain, c’est leur permettre de s’ancrer localement tout en développant les compétences et la créativité nécessaires face aux grandes transitions de notre époque.

À l’heure où les transformations sociales, technologiques et climatiques bouleversent nos repères, il est plus que jamais nécessaire de réinterroger le sens de l’éducation. L’école, la formation, ne peuvent plus être conçues comme des bulles théoriques, flottant hors du réel. Elles doivent devenir des lieux vivants, sensibles, en lien étroit avec les territoires qui les portent et les inspirent.

En Alsace, cette conviction prend un relief particulier. Région frontalière, riche d’un passé industriel, d’un maillage associatif dense et d’un écosystème entrepreneurial foisonnant, l’Alsace incarne une terre d’expérimentation. Ici, les défis ne sont pas des abstractions : ils ont le visage des jeunes en quête de sens, des entreprises qui innovent à échelle humaine, des citoyens qui interrogent leur rapport au monde.

Penser l’éducation en Alsace, c’est donc articuler trois dimensions : l’enracinement, l’agilité, et la créativité. L’enracinement, car former localement, c’est permettre aux talents d’émerger là où ils ont grandi, et de s’y projeter avec fierté. L’agilité, parce que les métiers de demain ne ressemblent pas à ceux d’hier, et que de nouvelles compétences deviennent essentielles : la pensée critique, la collaboration interdisciplinaire, la culture numérique, la conscience écologique. La créativité enfin, non comme une posture esthétique, mais comme une nécessité vitale pour bâtir des solutions inédites face aux transitions à venir.

Notre responsabilité, en tant qu’acteurs de l’enseignement supérieur, est d’embrasser cette complexité, d’ouvrir des espaces d’expérimentation, et de forger des pédagogies ancrées dans le réel. C’est dans cette dynamique ouverte, attentive aux mutations du monde, que naîtront les futurs ancrages. Et peut-être, les plus belles trajectoires.