Kelly Massol (Les Secrets de Loly) : « L’engagement, c’est aussi une compétence à part entière »
Fondatrice de la marque capillaire engagée Les Secrets de Loly et lauréate du palmarès Les 40 leaders qui s’engagent en 2025, Kelly Massol est une entrepreneure autodidacte dont le parcours force le respect. À travers ses produits naturels pensés pour les cheveux texturés, elle milite pour une beauté inclusive, libérée des diktats. Dans cet entretien, elle revient sur son engagement, sa vision d’un leadership sincère, et son combat pour rendre visibles des parcours trop souvent ignorés.
Qu’est-ce qu’un dirigeant engagé, selon votre expérience ?
Pour moi, un dirigeant engagé, c’est quelqu’un qui agit d’abord en réponse à une conviction profonde. Quand j’ai lancé Les Secrets de Loly à 25 ans, c’était parce que je ne trouvais pas de produits sains et efficaces pour mes cheveux texturés. L’offre qu’on trouvait à l’époque était pleine de silicones, de produits issus de la pétrochimie, ou de défrisants hyper agressifs. Alors j’ai commencé chez moi, dans ma cuisine, à formuler mes propres soins. Je voulais une alternative naturelle, respectueuse de la santé.Aussi, être engagée, ce n’est pas seulement créer une marque ou un produit. C’est vouloir faire bouger les lignes. Avec Les Secrets de Loly, j’ai voulu casser les stéréotypes sur les cheveux texturés, changer la manière dont ils sont perçus, représentés, sans avoir à se transformer ou à se mettre en danger.
De quelle action concrète, emblématique, êtes-vous particulièrement fière ? Avez-vous déployé une innovation en termes d’engagement que vous aimeriez voir dupliquée ailleurs ?
Ce dont je suis le plus fière, c’est d’avoir réussi à créer une marque qui aide les femmes à se sentir bien dans leurs cheveux, et dans leur peau. Pendant longtemps, on nous a fait croire que les cheveux bouclés, frisés ou crépus étaient un problème. Avec les Secrets de Loly, j’ai voulu montrer que non seulement ils ne le sont pas, mais qu’ils sont beaux, puissants et naturels.
Notre approche repose sur beaucoup d’écoute, de pédagogie et de bienveillance. On parle souvent des produits, mais ce qui nous distingue vraiment, c’est notre façon d’accompagner. D’expliquer les bons gestes, de former, de guider et de construire une routine adaptée. En parallèle, je suis aussi très engagée pour soutenir d’autres entrepreneurs. J’ai eu la chance de pouvoir investir dans des projets via Qui veut être mon associé ?, et depuis fin 2024, je suis présidente du réseau Les Premières, qui accompagne chaque année des centaines de femmes entrepreneures, en métropole et dans les Outre-mer. Cette année, je participe aussi à la série de podcasts Génération Entrepreneur, qui accompagne 12 chefs d’entreprise ultramarins dans leurs parcours.
Comment passer à la vitesse supérieure sur les sujets d’engagement ? Si vous pouviez agir d’un coup sur l’écosystème, que feriez-vous ?
Je crois qu’il faut aller plus loin que valoriser uniquement les parcours “classiques”. L’engagement réel vient souvent de celles et ceux qui ont appris dans l’école de la vie – sans réseau, sans capital, mais avec de l’instinct, du courage, et un vrai impact sur le terrain. Si je pouvais changer une chose, ce serait ça : reconnaître ces profils atypiques pour ce qu’ils sont. Il faut élargir notre regard sur la réussite, considérer l’engagement comme une compétence à part entière, et donner plus de place à celles et ceux qu’on n’attend pas toujours. Parce que souvent, ce sont eux qui changent vraiment les choses.