L’Europe a les moyens de concilier progrès environnemental et compétitivité industrielle
L’Europe dispose des atouts nécessaires pour s’inscrire comme l’acteur économique et industriel de premier plan en matière de transition énergétique. Pour ce faire, elle doit adopter une approche pragmatique pour renforcer sa compétitivité.
Le dilemme de l’Europe
L’Europe est confrontée à un dilemme : être pionnier et exemplaire sur le plan environnemental au risque d’affaiblir sa compétitivité, ou progresser sur la voie de la décarbonation, en s’appuyant d’abord sur les énergies bas-carbone fiables et compétitives.
Le coût de l’énergie constitue le socle de la compétitivité industrielle. Le rang de puissance mondiale ne peut se passer d’une énergie à un prix abordable. Or, le prix du gaz en Europe est 3 à 5 fois supérieur à celui des Etats-Unis.
Les énergies bas carbone européennes
Pourtant, l’Europe dispose de moyens pour produire une énergie bas-carbone et compétitive, notamment grâce au nucléaire en France et au gaz naturel disponible sur ses territoires. Le gaz naturel est un allié de la transition énergétique : non seulement il permet de produire de l’électricité en continu, ce qui assure la stabilité du réseau électrique et pallie l’intermittence des énergies renouvelables, mais il peut être facilement décarboné grâce aux progrès des technologies de captage et de stockage du CO2. C’est tout le sens du projet pionnier de centrale électrique à gaz dernier cri pour Net Zero Teesside en Grande-Bretagne qui fournira de l’électricité bas-carbone à plus d’un million de foyers britanniques en captant près de deux millions de tonnes par an de CO2.
Toujours associé à cette même technologie, le gaz peut aussi servir à produire des dérivés énergétiques bas-carbone, comme l’hydrogène ou l’ammoniac bleu qui permettent de décarboner l’industrie et de fournir les engrais bas-carbone dont l’agriculture a besoin.
La transition énergétique se concrétise lorsque les acteurs énergétiques mettent en œuvre des solutions de décarbonation compétitives. C’est pourquoi l’Europe doit adopter une approche pragmatique, reconnaître que la décarbonation sera progressive et fondée sur un nuancier allant du bleu au vert. À titre d’exemple, l’Union européenne souhaite encourager l’utilisation de CO₂ biogénique ou issu de procédés industriels durables pour produire des carburants d’aviation durable, déjà coûteux, à partir d’électricité renouvelable. Un pragmatisme économique et environnemental voudrait qu’on encourage tout le CO₂ industriel pour lancer efficacement la filière.
La transition énergétique ne se décrète pas. C’est en tenant compte des réalités industrielles et économiques que nous construirons l’avenir énergétique durable dont l’Europe a besoin.