Hassan El-Shabrawishi (AXA International Markets) : « L’assurance ne doit plus seulement réparer, elle doit transformer »

Aux commandes d’AXA International Markets, Hassan El-Shabrawishi pilote les ambitions du groupe dans 17 marchés émergents, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique latine. Membre du comité de direction du Groupe, l’ancien Chief Innovation Officer défend une vision de l’assurance ancrée dans le réel, inclusive, au service des classes moyennes et des entrepreneurs locaux. Santé, numérique, climat : pour lui, l’assurance doit être un levier de transformation sociale.

Quelle est votre stratégie pour renforcer votre présence et votre croissance sur les marchés internationaux, hors Europe, où les besoins d’assurance restent en forte évolution, notamment dans les zones émergentes ?

Nous ne pouvons pas appliquer un modèle européen aux marchés émergents. Ce serait une erreur stratégique et un manque de respect envers les populations que nous servons. Le vrai succès, c’est lorsqu’un chauffeur de taxi choisit, avec une partie de son revenu, de s’assurer chez AXA. Cela signifie que nous avons compris ses besoins et que notre produit lui est utile.

Notre ambition est claire : être le leader de l’assurance sur l’ensemble des marchés émergents — en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique Latine. Et pas seulement en taille, mais surtout en impact, en pertinence et en proximité avec nos clients.

Nous sommes aujourd’hui présents dans 17 marchés émergents avec plus de 27 millions de clients. Cette diversité géographique et culturelle est une force majeure. Elle nous oblige à rester proches du terrain, à comprendre les spécificités locales, et à innover de manière contextualisée.

Comment AXA innove-t-il pour développer des produits et services adaptés aux spécificités culturelles et économiques des marchés émergents, tout en répondant aux attentes des clients, par exemple en matière de digitalisation et de simplicité d’usage ?

L’innovation chez AXA commence par une chose : l’empathie. J’aime parler avec les chauffeurs de taxi. Ils sont brillants, connectés à la réalité. Ils me donnent un feedback brut, précieux. C’est à partir de cette vérité du terrain que nous bâtissons nos produits.

En Colombie, nous accompagnons plus de 1,5 million de salariés grâce à des services de prévention des risques professionnels, avec plus de 100.000 interventions par an pour éviter les accidents du travail.

En Indonésie, l’un des pays les plus digitaux du monde, nous avons conçu un parcours 100 % en ligne, accompagné d’une assistante virtuelle, pour permettre une souscription et une gestion fluide depuis un smartphone.

Et au-delà de l’assurance, nous plaçons la santé au cœur de notre mission. Au Mexique, via AXA Keralty, nous avons bâti un écosystème intégré entre soins primaires et couverture santé. En Égypte, avec OneHealth, nous avons cofondé un réseau de cliniques où nos clients sont accueillis avec dignité, soin et excellence médicale. C’est cela, innover : écouter, comprendre, et construire des solutions humaines et technologiques à la fois.

L’inclusion financière reste un défi majeur dans de nombreux marchés. Quelles initiatives ou partenariats mettez-vous en place pour démocratiser l’accès aux produits d’assurance, notamment pour les populations vulnérables ou non bancarisées ?

L’inclusion financière n’est pas un slogan. C’est une exigence. Trop de personnes dans les marchés émergents restent exposées aux risques de la vie sans aucune protection.

Avec notre programme AXA EssentiALL, nous avons conçu des offres simples, abordables, accessibles — qui permettent aujourd’hui de protéger plus de 17 millions de clients à revenus faibles ou moyens dans le monde.

En Colombie, grâce à notre partenariat avec Banco Mundo Mujer, nous offrons une protection sur mesure aux micro-entrepreneures, en particulier les femmes. Aux Philippines, notre partenariat avec Grab permet de couvrir les travailleurs de la gig economy — une population croissante mais souvent oubliée par les modèles classiques. Et au Sénégal, en collaboration avec la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal, nous avons conçu une assurance santé pour les agriculteurs, pilier de l’économie locale.

Notre objectif est clair : offrir une assurance pour tous, et faire de la protection un droit universel, pas un privilège.

Quelles solutions AXA propose-t-elle pour les PME des marchés émergents, souvent confrontées à des risques spécifiques, et comment ces solutions contribuent-elles au développement économique local ?

Les PME représentent jusqu’à 70 % de l’emploi dans les marchés émergents, mais moins de 10 % d’entre elles sont assurées. Ce déséquilibre est un frein au développement. Chez AXA International Markets, nous avons décidé de faire des PME un axe stratégique prioritaire. Notre objectif est qu’au moins 80 % de notre portefeuille entreprises soit constitué de PME.

Nous leur proposons des offres sur mesure pour les risques qui comptent : cyber, incendie, pertes d’exploitation. Et surtout, nous avons simplifié l’indemnisation. Parce qu’une PME qui subit un sinistre doit pouvoir repartir immédiatement. Chaque minute compte. Protéger les PME, c’est renforcer la résilience des économies locales et créer de la valeur sur le long terme.

Comment le secteur de l’assurance peut-il contribuer à accompagner les entreprises et les individus dans la transition écologique et comment peut-il les protéger efficacement contre les risques climatiques ?

Les marchés émergents sont parmi les plus vulnérables face au dérèglement climatique. Le rôle de l’assurance est donc central : prévenir, accompagner et reconstruire. Chez AXA, nous avons investi dans des outils de modélisation climatique avancés, qui nous permettent d’anticiper les impacts des catastrophes naturelles.

Nous développons des assurances paramétriques — une innovation majeure — qui déclenchent des indemnisations automatiques lors d’événements extrêmes comme les sécheresses ou inondations. Et via AXA XL, nous accompagnons la décarbonation des grandes industries, du maritime à l’aérien. Mais surtout, nous aidons nos clients à s’adapter. Parce que l’assurance ne se limite plus à réparer — elle doit permettre de prévenir et de transformer durablement.

Et le volet santé ?

Nous sommes le seul assureur international à avoir investi dans un réseau de cliniques de soins primaires, en Égypte, en Afrique et au Mexique. Nous sommes aussi l’un des plus grands investisseurs privés en santé dans ces régions. Pourquoi ? Parce que j’aime nos clients. Vraiment. Je veux leur offrir ce qu’il y a de mieux. Et je veux qu’ils soient fiers d’être protégés par AXA.