L’impact de la formation des BRICS+

En 2001, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentaient un concept financier inventé par un banquier. Sous l’impulsion du président russe Vladimir Poutine, ils se sont constitués en bloc politique en 2009 avec la création du sommet annuel des BRIC. En 2011, l’Afrique du Sud a rejoint le bloc devenu BRICS. En 2014, le bloc politique s’est mué en bloc économique avec la création d’une Nouvelle Banque de Développement, alternative à la Banque mondiale, et d’un Fonds de réserve destiné à suppléer le Fonds monétaire international.

Avec l’élargissement début 2024, les BRICS+ ont créé un véritable bloc de 10 pays qui entend proposer aux pays du « Sud global » une alternative attractive à l’ordre économique et politique occidental. Les BRICS+, menés économiquement par la Chine, comptent dans leurs rangs deux pays riches (Arabie saoudite et Emirats arabes unis), deux pays sous sanctions (Russie et Iran), deux pays en faillite (Egypte et Afrique du Sud), un pays en guerre (Ethiopie), une puissance économique montante (Inde) et un éternel émergent (Brésil). L’Argentine a décliné l’invitation à les rejoindre. Les BRICS+ représentent 36% de la richesse mondiale et 45% de la population du globe.

Quels objectifs pour les BRICS+ ?

Malgré cette hétérogénéité, ils sont cimentés par leur volonté de rompre avec des institutions internationales, économiques et financières, dominées par les Occidentaux. Leur objectif de monnaie commune demeure irréaliste mais démontre leur volonté de dédollariser leurs échanges. Leur ressentiment vis-à-vis des anciennes puissances coloniales ou de « l’impérialisme » américain leur a fait adopter des valeurs différentes où la démocratie, les droits de l’homme et l’égalité sont considérés comme des valeurs « relatives ». Malgré leurs désaccords ou rivalités locales (Chine vs Inde, Egypte vs Ethiopie, Iran vs Arabie Saoudite), ils sont unis pour rejeter les politiques de sanctions et la politique américaine.

Les BRICS+ attirent les pays émergents qui bénéficient de leur aide économique sans conditionnalité, et les « nouvelles routes de la soie » chinoises ont contribué à financer de nombreux projets en Asie et en Afrique.

Les pays occidentaux devront désormais compter avec les BRICS+ qui se posent en alternative au G7 et au G20. Un G20 privé du Brésil, de la Chine, l’Inde, la Russie, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud, verrait son influence considérablement amoindrie. La création des BRICS+ conduit à une nouvelle polarisation de l’ordre économique et politique mondial à laquelle les Occidentaux doivent répondre par une politique large vers les pays du Sud.