La BCE se dit prête à laisser l’inflation dépasser l’objectif des 2%

La Banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait changer de stratégie, avec une cible d’inflation de 2 % à moyen terme permettant une politique monétaire plus flexible. Cette révision intègre également le changement climatique. 

C’est avec deux mois d’avance, le 8 juillet, que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé les résultats de sa révision stratégique lors d’une conférence de presse surprise. Inchangé depuis 2003, le principal point de cette réforme est le changement de la cible d’inflation désormais fixée à 2 % à moyen terme. Autre changement, la BCE a fait savoir qu’elle intégrerait le changement climatique dans sa politique monétaire ainsi qu’une meilleure communication de la Banque centrale.  

Objectif plus flexible et communication plus claire

La Réserve fédérale américaine a annoncé un objectif de “symétrie” d’inflation à l’automne 2020. La hausse des prix aux Etats-Unis atteint aujourd’hui 5 %. La Fed, pour qui ce phénomène est temporaire, refuse de durcir sa politique monétaire. Cependant, Christine Lagarde a souligné lors de la conférence de presse que la stratégie de l’Institution de Francfort est différente de celle de la Fed. Elle a ainsi fait savoir qu’une inflation supérieure à 2 % sera tolérée sans pour autant durcir la politique monétaire :  «Nous ne pratiquons pas la cible d’inflation moyenne, comme la Fed». 

Cette annonce n’est pas un changement profond de la stratégie et signifie en réalité l’officialisation de la profonde mutation de l’institution depuis une décennie. En effet, l’ancien président de la BCE (2012-2019), Mario Draghi, a réussi à imposer sa vision de l’économie durant son mandat et avait convaincu le conseil des gouverneurs de se lancer dans une politique expansive avec l’achat d’actifs sur les marchés et la mise en place d’un taux d’intérêt directeur négatif. Ces annonces s’accompagnent d’une volonté de changer de communication censée être “moins jargonnant[e]” selon la présidente de la Banque centrale européenne. 

L’intégration du climat

Autre point phare de cette nouvelle stratégie : un “plan d’action sur le changement climatique” que l’Institut de Francfort qualifie d' »ambitieux ». La BCE prévoit d’”intégrer davantage les considérations relatives au changement climatique dans son cadre d’action”, dans le rachat de dettes d’entreprises, la communication et l’évaluation des risques entre autres. Concernant ces ambitions climatiques, l’ONG Greenpeace a réagi : «La BCE devra être jugée non pas sur ses paroles mais sur ses actes».  Christine Lagarde a ajouté : «Ce ne sont pas que des mots. Il s’agit d’un engagement de l’ensemble du conseil des gouverneurs avec des délais, des résultats et la poursuite d’objectifs ».