Ferrari se choisit un nouveau patron venu du monde de la tech
Le constructeur automobile de luxe italien a nommé mercredi 9 mai Benedetto Vigna administrateur délégué de l’entreprise. Le signe d’un changement d’ère attendu.
Ferrari n’avait plus d’administrateur délégué depuis maintenant 6 mois, suite au départ pour raisons personnelles de l’ancien administrateur Louis Camilleri, resté en poste durant deux ans et demi. John Elkann, PDG d’Exor, qui contrôle Ferrari, avait annoncé en avril dernier vouloir prendre son temps pour trouver un successeur qui aurait “toutes les qualités requises, y compris les capacités technologiques.”
C’est maintenant chose faite et cette place convoitée du monde de l’automobile de luxe sera occupée à partir du 1er septembre prochain par Benedetto Vigna, actuellement membre du Comex du fabricant de puces électroniques franco-italien STMicroelectronics. L’occasion pour Ferrari de soutenir sa stratégie d’électrification et de renforcer ses partenariats.
🏎 ANALYSE – Pourquoi Ferrari sans pilote depuis six mois recrute un patron de la Tech
La nomination de Benedetto Vigna, 52 ans, vient combler une vacance de six mois à la tête du constructeur de voitures de luxe https://t.co/EVQmB4GJ97
— La Tribune (@LaTribune) June 9, 2021
Un recrutement clé
Le choix de Benedetto Vigna semble crucial pour Ferrari, au moment où une pénurie de composants électroniques, permettant de fabriquer les semi-conducteurs essentiels au fonctionnement technologiques des voitures modernes, frappe le secteur automobile. STMicroelectronics compte en effet parmi les 5 plus grandes entreprises mondiales capables de fabriquer ces composants, et la nomination d’un membre de leur Comex permettra à l’étalon italien de créer un partenariat commercial stratégique, donnant à sa voiture du futur une valeur ajoutée non négligeable. Car si le PDG d’Exor a choisi son nouvel administrateur exécutif avec soin, c’est qu’il en connaissait bien l’enjeu : construire l’avenir de la marque, ni plus ni moins.
Pour John Elkann, Benedetto Vigna est ainsi le choix idéal et “sa profonde compréhension des technologies à l’origine de la plupart des changements dans notre industrie, ainsi que ses compétences avérées en matière d’innovation, de création d’entreprise et de leadership, renforceront davantage Ferrari et son histoire unique de passion et de performance, dans l’ère passionnante qui s’annonce”. Une ère nouvelle car aujourd’hui le secteur automobile est en pleine transformation. Les normes anti-pollutions et les restrictions énergétiques liées à la transition énergétique poussent les constructeurs à se lancer sans garde-fou pour prendre l’avantage sur un nouveau marché, et le luxe n’y fait pas exception, avec des contraintes toutefois renforcées.
Electrique et luxe, un mélange compatible ?
Lorsqu’on évoque les voitures de luxe, la force de l’image de la carrosserie et de la beauté du véhicule dispute sa place à celle du son et à la puissance de la machine. Avec le passage à l’électrique, c’est donc tout un pan de ce qui fait le luxe qui est menacé de disparaître de l’imaginaire collectif, et donc autant d’atouts susceptibles de séduire les consommateurs. Ces derniers sont-ils prêts à tourner la page des moteurs vrombissants au silence étourdissant des modèles électriques ? Quelques options électroniques suffiront-elles à pallier ce manque ? John Elkann et Ferrari semblent le penser.
L’entreprise ne se lance pas à l’aveugle et s’appuie d’abord sur le succès de Tesla, la marque d’Elon Musk, qui produit uniquement des voitures électriques haut de gamme. Mais ces dernières ne sont toutefois pas des supercars, aussi le constructeur fait-il un saut dans l’inconnu, accueilli pour l’instant de manière mitigée par les marchés financiers, l’action de Ferrari à la bourse de Milan ayant ainsi perdu 0,22% le jour de l’annonce du remplaçant de Louis Camilleri. Cependant, la marque italienne n’ignore pas que l’électrique représente le futur de l’automobile, même de luxe et que, dans ce contexte, il est nécessaire de mettre en place une stratégie qui permettra à l’entreprise de rester leader du marché face à ses concurrents. En ce sens, Ferrari a annoncé un premier véhicule 100% électrique d’ici 2025, quand Lamborghini, filiale de luxe du groupe Volkswagen, n’en prévoit pas avant 2030, de quoi prendre une belle avance, si le pari est réussi.