L’Allemagne s’attend à une croissance de 4% en 2021

L’Allemagne se montre confiance pour une hausse de son PIB pouvant atteindre 4 % en 2021, selon les projections les plus optimistes. Une remontée spectaculaire alors que le pays a connu une récession conséquente avec une plongée de près de 4,9 % du PIB en 2020, le plus fort recul depuis la crise financière de 2009.

L’Allemagne envisage un rebond fort de son économie, grâce aux progrès des campagnes de vaccination et à des chiffres de contamination en diminution. Au travers de ces mesures, notre voisin d’Outre-Rhin a déjà commencé à rouvrir les secteurs fortement touchés jusqu’ici : bars, restaurants et également certains lieux culturels. Surtout, un changement historique de la politique économique s’est dessiné face à la conjoncture complexe engendrée par la crise sanitaire. La coalition d’Angela Merkel a ainsi mis en place un plan de relance de 130 milliards d’euros à injecter dans l’économie, alors même que des aides d’urgence de plus de mille milliards d’euros avaient été débloqués au début de la pandémie. 

Ce mouvement révèle un profond changement dans la culture économique allemande. Le pays, dont le montant de la dette est fréquemment cité en exemple, a vu récemment son orthodoxie budgétaire fortement remise en question dans le cadre d’une suspension de ses règles constitutionnelles de rigueur budgétaire. Dans un contexte d’éloignement de sa règle du « frein à l’endettement » qui l’empêche en temps normal d’emprunter plus de 0,35% du PIB chaque année, au total, ses nouvelles dettes liées à la pandémie devraient atteindre 450 milliards d’euros en trois ans. Le taux d’endettement a déjà bondi de 15 points depuis le début de la crise pour atteindre 75 % du PIB.

Une situation économique toujours favorable ?

L’endettement conséquent de l’Allemagne durant cette pandémie ne rebat toutefois pas les cartes. Historiquement, alors que le poids des dépenses publiques dans le PIB était le même des deux côtés du Rhin en 1995, la situation s’est largement détériorée depuis pour côté français. L’explication s’en trouve dans la différence de stratégies économiques entre les deux pays, le levier des dépenses publiques étant certes efficace dans le cadre de mesures conjoncturelles mais moins agile en période normale. C’est la conséquence des réformes réalisées par l’Allemagne depuis 2002, et qui explique aujourd’hui la différence de ratio de dépenses publiques sur le PIB, de 56% dans l’Hexagone en 2019 contre 45% outre-Rhin.

De manière plus conjoncturelle, le niveau du rebond de l’économie en 2021 constitue un motif d’enthousiasme pour les décideurs allemands, en particulier face à la « faiblesse » relative de la chute du PIB en 2020. Alors que la France a vu son économie s’effondrer de plus de 7%, l’Allemagne a vu sa récession limitée à 5%. Le Ministre de l’Economie Peter Altmaier confirme quant à lui un niveau de reprise de l’activité satisfaisant dans les derniers mois. « Globalement, l’économie allemande aura recouvré sa robustesse pré-pandémique d’ici la fin de l’année. C’est une raison d’être optimiste » a-t-il ainsi indiqué à des journalistes.

Le réalisme de rigueur

Si le modèle allemand a semblé dominer l’Europe dans les dernières années, les récents virages pris en matière de politique économique par le gouvernement fédéral démontrent que de profonds changements sont à l’oeuvre, et qu’ils ne permettent pas pour l’instant de projeter avec certitude le niveau de la croissance allemande sur le long terme. A court terme, dans tous les cas, la prudence reste de mise, comme l’a déclaré la fédération des chambres de commerce et d’industrie allemandes, la DIHK. Des effets de rattrapage économiques sont en effet à prévoir, mais aussi  des problèmes d’asymétrie de l’offre par rapport à la demande (goulets d’étranglement sur livraison, inflation…) et de manque de travailleurs dans certains secteurs, qui pourraient ralentir la reprise.