Vers une méga-usine McPhy d’électrolyseurs pour hydrogène à Belfort ?

A Belfort, le géant français de l’hydrogène McPhy veut construire une “gigafactory”. Une décision forte de sens et d’espoir pour la région et ses habitants. 

Situé dans le grand Est, le territoire de Belfort est une région à fort potentiel industriel dont l’activité est mise à mal depuis plusieurs années. Alors que l’Etat rencontre des difficultés à maintenir les activités de la branche énergie d’Alstom suite à son rachat par General Electric, si cette nouvelle implantation est un succès, elle aura un caractère hautement symbolique. Ainsi, ce nouveau site de production pourra, lorsqu’il tournera au maximum de ses capacités, employer plus de 400 personnes sur le territoire. 

McPhy prêt à prendre une nouvelle dimension ? 

La future usine devrait être capable de produire jusqu’à 1 Gigawatt d’électrolyseurs par an à partir de 2027. 30 à 40 millions d’euros seront investis dans la création de ce nouveau site de 20 000 m². Pour la PME grenobloise, qui fonctionne aujourd’hui que grâce à son site de production d’électrolyseurs italien et à la construction de stations de recharge pour voitures à hydrogène, c’est un changement de dimension fort, qui va lui permettre de venir concurrencer les pure players du secteur. Son chiffre d’affaires, en hausse de 20% cette année, va encore progresser fortement dans les années à venir. Autre signe de la bonne santé de l’entreprise : la hausse de 450% de son titre en bourse sur un an, dont la valorisation se porte aujourd’hui à près d’1 milliard d’euros.

Mais la réalisation du projet n’est pas encore actée. Les électrolyseurs, qui sont des appareils permettant de transformer l’hydrogène en électricité par électrolyse de l’eau, constituent une innovation majeur dans le domaine de l’énergie, et ils permettent à McPhy de candidater aux subventions européennes dans le cadre des « projets industriels européens d’intérêt commun », ou « IPCEI » mis en place par l’Union Européenne. La construction du site de Belfort est conditionnée à ces subventions, qui devraient être obtenues si l’hydrogène est réellement considérée comme une ressoure précieuse pour le futur de l’énergie en France et en Europe. 

L’hydrogène, futur de l’énergie verte ? 

Ces dernières années, et plus encore avec la crise sanitaire, l’objectif de la transition écologique a été fortement soutenu par le gouvernement. Dans son plan de relance verte et de décarbonation de la production d’énergie en France, l’hydrogène tient une place prépondérante et il prévoit d’y investir 7 milliards d’euros d’ici 2030. L’Union Européenne suit le même mouvement. 

Surtout, le but premier est de produire de l’énergie sans consommation de CO², ce qui n’est pas le cas de la grande majorité des moyens de production de l’hydrogène, et rend la solution de McPhy d’autant plus intéressante. La production d’hydrogène vert, c’est à dire décarboné, et pas simplement d’hydrogène, constitue une différence majeur qui devrait permettre à la PME de soutenir sa croissance dans le secteur et de se positionner comme leader d’un marché en devenir. Pour son directeur général Laurent Carme, « tout l’enjeu consiste à construire l’outil de production dans le bon tempo ». La suite de la partition sera donc écrite rapidement, avec ou sans l’attribution de subventions européennes.