L’emploi des cadres devrait fortement rebondir cette année

La crise a eu un fort impact sur l’emploi des cadres, avec 50 000 emplois détruits selon une étude de l’Apec, mais un rebond de 8% des embauches est attendu en 2021.

La progression envisagée ne serait toutefois pas répartie équitablement sur tout le territoire français puisque l’Ile-de-France, véritable bassin d’emploi cadre, connaîtrait une hausse de 11 % tandis que l’Occitanie par exemple affiche une baisse de 1 %. Les difficultés auxquelles fait face actuellement l’Occitanie sont la conséquence d’une industrie aéronautique en difficulté. Il s’agit de la plus grande région aéronautique d’Europe, principal moteur de l’économie et vecteur important pour l’emploi. D’après une étude de l’INSEE, le secteur et les PME qui en dépendent ont ainsi été fortement impactées.

Pour la Bretagne, l’Apec prévoit 8 900 embauches, faisant de 2021 une année record qui fait de la région une exception. Cette tendance s’explique par la présence d’entreprises moins frileuses face à l’embauche de jeunes cadres, avec « quatre entreprises sur dix qui déclarent rechercher un cadre de moins de 5 ans d’expérience en 2021 ». Les secteurs qui recrutent le plus en France, informatique et R&D, sont aussi fortement implantés en Bretagne, ce qui explique ce rebond remarquable. 

Une évolution de l’emploi multifactorielle 

Selon les prévisions de l’Apec, les employeurs préféreraient les cadres ayant déjà quelques années d’expérience. Les jeunes cadres, malgré une intention d’embauche qui a augmenté de 13 %, feront ainsi encore face à des difficultés d’insertion. D’après, Bénédicte Bonvin, responsable RH chez Keyance : “Désormais les jeunes nous interrogent sur la stabilité de l’entreprise, ses perspectives à 5 ou 10 ans. Jusqu’alors eux-mêmes ne se projetaient pas au-delà de 2 à 3 ans.” Quant à l’intention de recrutement des seniors, elles ont baissé de 28 % par rapport à 2019. L’association nationale des directeurs de ressources humaines tire la sonnette d’alarme et demande la mise en place d’un plan senior par le gouvernement. Le chômage des seniors aurait “des répercussions sur deux millions de foyers, car ils gèrent trois générations, la leur, celles de leurs parents et de leurs enfants”. 

Enfin, les nouveaux modes d’organisations tel que le télétravail, soulèvent de nouvelles problématiques pour les entreprises. En effet, avec 50 % des cadres qui souhaitent un modèle hybride mêlant présentiel et télétravail, il sera plus aisé de travailler pour des régions éloignées depuis chez soi. Les directions des ressources humaines, déjà confrontées à ces demandes, feront d’autant plus face aux souhaits de leurs collaborateurs, en quête d’une meilleure qualité de vie, qui souhaitent quitter l’Île-de-France pour la province. D’après une étude de Cadreemploi, plus de 80 % des cadres veulent quitter Paris. D’après la responsable d’étude Elodie Franco Da Cruz, « la généralisation du télétravail a démontré à de nombreux salariés l’importance du cadre de vie ». En effet, nombreux sont les cadres expérimentés qui se disent prêts à faire des concessions sur leur salaire ou leur niveau de poste pour s’installer en région.