Quelle croissance et quelles perspectives économiques pour l’Afrique en 2021 ?

Selon les estimations du Fonds monétaire international, le continent Africain aura des difficultés à récupérer un rythme de croissance suffisant et enregistrera une croissance modeste de 3,4 % en 2021, soit la plus faible de toutes les régions du monde.

En cause : une campagne de vaccination lente qui représente une hausse de 50% des dépenses de santé. Le continent, et plus particulièrement l’Afrique subsaharienne, n’atteindrait l’immunité collective en 2023 d’après le département Afrique du FMI. Les difficultés économiques rencontrées par la population ont en outre plongé un nombre important d’Africains dans la précarité. Selon les projections, il y aurait 32 millions de personnes de plus vivant sous le seuil de pauvreté depuis le début de la pandémie.

D’après Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FM, de nombreux défis qui se sont imposés aux pays du continent sont liés à la pandémie mondiale. En effet, elle a entraîné une augmentation des besoins des systèmes de santé, l’accroissement de la dette et l’incapacité des gouvernements à collecter plus d’impôts. À cela, se sont ajoutés les problèmes internes spécifiques aux différents pays à savoir l’instabilité politique ou encore la crise écologique. Certains pays sortent du lot en affichant toutefois une forte croissance. L’Ethiopie par exemple a vu son PIB augmenter de 6,1 % en 2020, la Guinée de 5,2 % et la Côte d’Ivoire de 2,3 %. Les pays les plus dépendants du tourisme sont les plus rongés par la crise avec l’Île Maurice qui verra son PIB se contracter de 15,8 % en 2021 ou encore le Cap Vert avec une baisse de 14 %.

Une pandémie qui révèle des problèmes structuraux 

Pour les dirigeants, le principal défi sera d’accroître les recettes intérieures. Pour renforcer leur réponse à la pandémie, les pays auront besoin de 425 milliards de dollars. La suspension du service de la dette du G20 a permis aux pays de faire une économie de 1,8 milliards de dollars en 2020 et la poursuite de cette suspension apportera 4,8 milliards de dollars de plus entre janvier et juin 2021. Néanmoins, ces ressources “pourraient s’avérer insuffisantes” selon Abebe Aemro Selassie et “ces questions seront étudiées lors de prochain Sommet International de haut niveau sur le financement des économies africaines”.

La pandémie de Covid-19 a mis en exergue la problématique de la dépendance du Sud envers le Nord pour les questions sanitaires. Les campagnes de vaccination contre la rougeole, la polio etc. ont toujours été planifiées par l’aide internationale, ce qui a pu entraîner parfois une déresponsabilisation des Etats africains dans la gestion vaccinale sur leur territoire. De plus, les sociétés occidentales détenant un monopole sur la production de vaccins contre la Covid-19, leur protection par différents brevets rend la production en Afrique difficile. Le continent ne compte que six unités de production de vaccins : le réseau Pasteur au Maghreb et au Sénégal, Vacsera en Egypte et Biovac en Afrique du Sud.