Comment les géants du secteur vont construire le nouveau porte-avions français

Le remplacement à venir du célèbre Charles-de-Gaulle va nécessiter la mise en place d’une co-entreprise entre les grands groupes du secteur maritime français. Une alliance nouvelle qui pourrait en appeler d’autres. 

C’est déjà un évènement. En 2038, le porte-avions français Charles-de-Gaulle, fierté de la marine nationale, sera mis à sec. Lancé en 1994, ce symbole de la puissance française sur les mers du globe doit être remplacé. Et par plus grand. Le futur porte-avions devrait en effet dépasser d’un tiers la taille du “CDG” et peser près de deux fois son poids, pour se voir doter d’une piste de 300 mètres de long. Une ambition qui impose un travail collectif tant dans la conception que dans la réalisation de ce nouveau géant des mers. En visite sur le chantier naval de Lorient le 29 mars dernier, la ministre des armées Florence Parly a officiellement lancé la première étape de ce changement : la conception du nouveau porte-avions. Sur un plateau situé à Lorient pouvant accueillir une centaine de personnes, ingénieurs et techniciens seront ainsi rassemblés pendant deux ans, pour un investissement total de 200 millions d’euros -sur les 5 milliards prévus-, afin de donner corps à ce projet pantagruélique. 

 

A projet énorme, association inédite. Celle-ci va mettre en commun le travail de TechnicAtome, qui devra construire des réacteurs nucléaires encore plus imposants que ceux du Charles-De-Gaulle, et de deux entreprises concurrentes dans le domaine de la construction navale militaire : les Chantiers de l’Atlantique et Naval Groupe. 

Possédées par l’Etat en majorité, les deux sociétés créent un joint-venture, une association entrepreneuriale ayant pour objectif la réalisation d’un projet commun. Cette coentreprise est détenue à 65% par Naval Group et à 35% par Chantiers de l’Atlantique. Ce premier projet commun, s’il fonctionne, pourrait en appeler d’autres, et ni l’Etat ni le Ministère des armées ne s’y opposeront, car au-delà du remplacement du porte-avions, c’est la pérennité économique du secteur qui est mise en jeu, autant que l’image de la France sur la scène internationale. 

Une image et des emplois en jeu

Sur le site du chantier de Lorient appartenant à Naval Group, l’enjeu est aussi de maintenir l’activité de l’entreprise jusqu’au lancement de la construction du nouveau porte-avions, qui doit d’abord passer par une longue phase de conception. Pour cela, Florence Parly a annoncé l’avancement de la construction de deux frégates de défense et d’intervention (FDI), désormais prévue pour 2025, et a ajouté un troisième bâtiment à la commande initiale. Un sursis pour le constructeur, qui doit toutefois aller chercher de nouveaux contrats à l’étranger, sous peine de voir ses effectifs réduits. 

Fort heureusement, l’image de la puissance maritime française pèse dans les relations internationales et le pays soutient Naval Group dans l’espoir de le voir gagner l’appel d’offres international lancé par la Grèce pour rénover et rééquiper sa marine nationale. La France propose ainsi de céder aux grecs deux frégates par l’intermédiaire de Naval Group, dans l’hypothèse où l’entreprise décrocherait le contrat. Une situation qui permettrait à la fois à l’entreprise de se relancer pour de bon, avec quatre nouvelles FDI à construire et quatre frégates Meko à rénover ; et à la France de réaffirmer sa puissance maritime aux yeux de l’Europe et du Monde.