Une innovation de rupture est essentielle pour accélérer la digitalisation du marché commercial inter-entreprises

Faysal Oudmine est le co-fondateur et CEO du Fintecture, une startup qui entend apporter une innovation de rupture aux systèmes de paiement. Entre innovation de rupture et enjeux pour la relance de l’économie, il détaille ses ambitions dans le secteur et les enjeux des prochains mois.


Dans quel contexte avez-vous créé Fintecture ?

Fintecture est née de la rencontre de 4 co-fondateurs et d’une vision forte pour des paiements plus sécurisés, plus économiques et plus adaptés aux besoins des entreprises. Les particuliers, par rapport aux entreprises, sont relativement peu confrontés à la pénibilité inhérente aux systèmes de paiement actuels. En effet, les rejets illégitimes et les cas de fraude, auxquels peuvent être exposés les consommateurs, ne sont que la partie visible d’un iceberg d’obstacles, de limites et de surcoûts auxquels sont soumises les entreprises au quotidien.

Pour s’attaquer en profondeur à ces problèmes, Fintecture a profité d’une mutation technologique et réglementaire de l’industrie bancaire pour construire sa propre infrastructure de paiement, en revenant aux besoins fondamentaux des marchands. Ainsi, en contournant des systèmes de paiement sur-intermédiés et construits il y a plus d’un demi-siècle, Fintecture a réussi à transformer en profondeur les paiements en faveur des entreprises.

Quels sont les atouts de votre entreprise par rapport aux collectes traditionnelles de paiements ?

Notre solution permet aux marchands d’augmenter leur taux de conversion (et leur chiffre d’affaires) tout en réduisant considérablement leurs coûts de transaction et la fraude associée aux paiements.

Fintecture contourne les plafonds des cartes, les rejets illégitimes et la fraude associée aux fausses identités et aux chargebacks. Tout en baissant considérablement le coût de collecte de paiements pour les marchands. Notre infrastructure de paiement est simplement mieux adaptée aux nouvelles exigences du commerce et plus particulièrement du commerce inter-entreprises.


Comment exploitez-vous votre positionnement à la Station F de Paris dans le cadre du développement de votre entreprise ?

Nous avons passé 3 longues années à construire notre infrastructure technologique et à obtenir nos agréments d’établissement de paiement. Comme pour un laboratoire de recherche, nous avons dû passer plusieurs années dans l’ombre à préparer, concevoir, construire, tester et agréer notre solution avant un déploiement auprès des marchands.

Pendant ces années-là, le soutien de Station F et de l’incubateur HEC, qui y est installé, a été très important. Cela nous a permis de bénéficier d’un accompagnement à la carte, adapté à nos besoins du moment et de nous concentrer sur le cœur de notre solution.

Suivant votre expérience, quels sont les principaux freins quand il s’agit d’entreprendre dans votre secteur (fintech, deeptech etc.) en France?

Entreprendre pour apporter une innovation de rupture est un long chemin semé d’embûches. Ce type d’innovations nécessite de longues années de préparation et un fort investissement technologique avant de pouvoir commercialiser son produit. Ceci créant un risque commercial plus important, un besoin de financement plus fort et une visibilité moindre sur ses revenus à venir.

L’un des principaux risques pour un entrepreneur dans cette situation est d’être tant concentré sur son produit et son innovation technologique au point d’en oublier le client final et ses besoins. Pendant cette longue phase de développement, il est nécessaire d’être constamment au contact de ses futurs clients, même si nous n’avons rien encore à leur vendre. Ainsi, pendant cette phase, un accompagnement, permettant de créer un lien direct avec ses futurs clients peut se révéler très utile pour construire une solution de rupture réellement adaptée aux besoins du marché.

La deuxième difficulté est le financement de ce type de projets. Ils présentent plus de risques pour les investisseurs et les longs délais de préparation impactent directement les TRI des fonds. Néanmoins, le problème du financement en France est atténué par les différentes aides / financement publics qui évitent, lorsqu’ associés à une gestion adéquate, d’avoir à faire appel aux fonds d’investissement avant un lancement commercial.

Selon vous, quelle place peuvent tenir les entreprises comme Fintecture dans le plan « France Relance » ?

Les systèmes de paiements actuels ne sont pas adaptés au commerce interentreprises et limitent grandement sa digitalisation : les plafonds des cartes sont trop bas pour les paniers moyens, les coûts imposés par les acteurs traditionnels sont trop élevés par rapport aux marges moyennes, la fraude est importante, etc.

Dans ce contexte, une innovation de rupture est essentielle pour accélérer la digitalisation de ce marché deux fois plus grand que celui du commerce pour les particuliers. Notre solution permet d’améliorer la productivité des commerçants BtoB et augmenter leur résilience. La crise que nous vivons, nous démontre que la digitalisation, dont nous parlons tant, n’est plus un luxe réservé aux grandes entreprises mais une nécessité absolue pour l’ensemble des acteurs économiques.

De plus, l’industrie des paiements est stratégique et souvent accaparée par des acteurs étrangers. Avec sa solution 100% française (et donc Européenne), Fintecture répond à l’appel du législateur européen pour une souveraineté dans les paiements.

Selon vous, quelles sont les clés de la réussite pour développer et financer une innovation disruptive en France ?

La résilience (financière, psychologique, personnelle, professionnelle, etc) est cruciale dans ce type de parcours. Nous devons investir longtemps avant d’avoir la moindre confirmation du marché.La vision long terme, et une forte conviction dans cette vision. A défaut, l’on peut vite être découragé par l’ampleur de la tâche et la pauvre réception du début. La proximité avec ses futurs clients. Il est nécessaire de garder un lien constant avec son marché et ses besoins.

 

Après ses études à HEC, Faysal Oudmine a entamé sa carrière en tant que financier chez Lehman Brothers et Nomura Bank à Paris et à Londres. Comme entrepreneur, il a ensuite lancé trois sociétés : dans l’éducation en Afrique, une PropTech, active dans plus de 10 pays africains ainsi qu’un opérateur agricole au Maroc. En janvier 2018, fort de ses 10 premières années d’entrepreneuriat, Faysal Oudmine se lance dans le marché européen des paiements, en co-fondant Fintecture.

Fintecture est un établissement de paiement agrée par l’ACPR (Banque de France) qui a créé des intégrations à plus de 2,000 APIs de banques européennes, développant ainsi sa propre infrastructure de paiement.

Avec son infrastructure de paiements propriétaire, Fintecture permet à ses clients (marchands) d’augmenter leur chiffre d’affaires tout en baissant les coûts associés à la collecte de paiements.