L’OMC s’attend à un fort rebond du commerce international en 2021
Malgré le ralentissement de l’économie mondiale et l’instauration de nouvelles restrictions sanitaires dans de nombreux pays, l’Organisation Mondiale du Commerce a revu à la hausse ses prévisions après une année 2020 moins catastrophique que prévu.
Alors que les échanges commerciaux ont chuté de 5,3 % « seulement » en 2020, le commerce mondial devrait enregistrer une hausse de 8 % en 2021, contre 7,2 % anticipés en octobre. L’Organisation prévoit toutefois une décélération à +4 % de la progression des échanges marchands mondiaux en 2022, à un niveau encore loin de celui d’avant-crise.
Retour d’un commerce mondial à plusieurs vitesses
Si le commerce international a souffert de la crise financière de 2008-2009, il a aujourd’hui fait preuve d’une certaine résilience malgré l’effondrement de l’économie mondiale. Comme le relève Coleman Nee, économiste à l’OMC, « la contraction du commerce mondial a été 1,6 fois supérieure à la chute du PIB en 2020 contre 7 fois pendant la crise de 2009 ». Un constat que confirment les chercheurs Sébastien Jean et Cecilia Bellora du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) dans une étude publiée en novembre 2020. En effet, les confinements à répétition ont eu un impact moindre sur les chaînes de valeur internationales que la pénurie de crédits en 2009.
EXCLU: l'OMC prévoit une croissance du commerce de 8% en 2021 après une contraction de 5,3% en 2020. Les perspectives d'un rebond rapide du commerce se sont améliorées mais les économistes mettent en garde contre une reprise inégale après le choc #COVID19: https://t.co/8i99lnghoz pic.twitter.com/eRxUQxXluO
— OMC en français (@OMC_fr) March 31, 2021
Soutenus par les plans de relance massifs des Etats-Unis et de l’Union européenne, les revenus des ménages ainsi que les dépenses dédiées à l’achat de biens ont pu être maintenus. L’OMC note également une évolution de la consommation mondiale des ménages, contraints à se tourner vers des biens, au dépend des services tels que les loisirs et le tourisme. Avec un plan d’investissement de 2 250 milliards de dollars (1 900 milliards d’euros) qui se traduira par une consommation en flèche, les Etats-Unis devraient largement participer à porter la croissance mondiale.
Tous les continents ont toutefois enregistré un recul de leurs échanges extérieurs en 2020, excepté l’Asie, dont les exportations ont bondi de 0,3 % avec une baisse des importations de seulement 1,3 %. Et cette année devrait encore être profitable au continent asiatique qui pourrait voir ses exportations progresser de 8,4 % devant le Vieux Continent (8,3 %). Quant à la croissance des exportations en Afrique et au Moyen-Orient, celles-ci dépendront de « la reprise des dépenses de voyages au cours de l’année, qui renforcerait la demande de pétrole ».
La vaccination, levier de reprise du commerce mondial
Pour la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, le vaccin reste « le meilleur instrument de la relance » dont nous disposons à l’échelle mondiale. Mais les retards des calendriers de vaccination qui s’accumulent, notamment dans les pays pauvres, risquent de compromettre les prévisions actuelles. Autre ombre au tableau : 70 % des doses de vaccins ont été envoyées dans seulement dix pays. Des disparités en matière de vaccination qui pourraient également mettre à mal le dessein de l’Organisation d’éradiquer le virus et de relancer la croissance économique.
Le manque d’usines ainsi que l’instauration de barrières aux frontières dans l’industrie de la santé contribuent également à ce ralentissement, comme aux Etats-Unis, où des contrôles sur les exportations de vaccins et le matériel médical ont été mis en place. Si les vaccins venaient à manquer, ou si leur efficacité venait à faire défaut à l’arrivée de nouveaux variants, la croissance du commerce pourrait fondre de 2 points de pourcentage du PIB en 2021.