La France a réalisé un exercice de défense spatiale pour assurer sa sécurité dans les prochaines décennies

Lancé ce lundi 8 mars et terminé quelques jours plus tard à Toulouse, berceau de l’aéronautique en France, “AsterX” était le premier exercice de déploiement militaire spatial du pays. Le programme a pour objectif de protéger les satellites français en cas d’attaque. 

Si son nom n’est pas sans rappeler celui d’un célèbre héros de bande dessinée, le programme fait surtout référence au premier satellite mis en orbite par la France. “Astérix”, aussi appelé A1, a été lancé le 26 novembre 1965. A cette heure, le pays est la troisième puissance mondiale à réussir une telle prouesse. Aujourd’hui la conquête spatiale continue de faire rêver, mais les objectifs à atteindre sont beaucoup plus lointains, et l’orbite terrestre est avant tout un endroit où les Etats doivent défendre et protéger leurs positions. Tel est l’objectif de la mise en exercice virtuelle d’AsterX, à laquelle 60 militaires français ont participé. 

Un programme inédit en Europe

Si on mentionne souvent l’engagement des Etats-Unis et de sa “Space Force” dans le développement militaire spatial, comme une réminiscence de la guerre froide qui ne veut pas se faire oublier ou bien une marque de la puissance du soft power américain dans ce domaine, les projets européens sont plus régulièrement passés sous silence. Avec AsterX, la France veut changer cela, en montrant à tous que son programme est un pionnier du genre sur le continent européen. Michel Friedling, général de l’armée française chargé du Commandement de l’Espace explique ainsi en conférence de presse que “c’est le premier exercice militaire spatial en France et en Europe.”

Le programme vise à tester les capacités de riposte de l’armée française au travers de scénarios fictifs mettant en scènes des événements spatiaux menaçants. Une stratégie défensive qui n’a toutefois pas vocation à créer des déchets supplémentaires dans l’espace en détruisant un satellite pour faire une simple démonstration, comme ont pu le faire la Chine ou l’Inde. Selon Florence Parly, ministre des armées le “le but est de montrer que la stratégie spatiale de défense n’est pas qu’un document, mais qu’on passe de la parole aux actes.” Des actes auxquels l’armée souhaite donner de la visibilité au niveau international, la “Space Force” américaine et le centre de situation spatiale allemand ayant été invités à venir observer les essais. Différentes entités du secteur aéronautique comme le CNES, l’Onera, Safran, ArianeGroupe et CS Group y participent également. 

Une stratégie d’investissement forte, qui témoigne d’une envie de conquête spatiale

La mise en avant médiatique de ces essais s’inscrit dans une stratégie de fond, lancée il y a deux ans par le gouvernement français, qui souhaite donner au pays une position militaire forte sur la question spatiale aux yeux du monde. Le programme d’armement “Maîtrise de l’Espace,” lancé en juillet 2019 par le Ministère des armées, dont le but est non seulement de surveiller mais aussi de défendre l’espace, est au cœur de la manœuvre. 

Le commandement spatial de l’armée de l’air et de l’espace déplace ainsi ses forces et centres de formations spatiaux vers la région toulousaine, bassin notoire de l’aéronautique en France. 3,6 milliards d’euros vont également être investis par l’Etat pour renouveler les satellites de l’armée française et lancer le développement de nouvelles technologies spatiales. De l’envoi de matériel vers la stratosphère est d’ailleurs prévu, ce qui va continuer de saturer un orbite terrestre déjà très pollué. L’espace a toujours occupé une place importante dans les relations internationales, permettant aux Etats qui s’y intéressent de montrer une forme de soft power. A l’heure où la France cherche justement à réaffirmer sa puissance sur la scène internationale, le renforcement de sa position sur la question spatiale est une excellente nouvelle. Un engagement incarné par la visite du chef de l’Etat Emmanuel Macron le vendredi 12 mars à Toulouse pour suivre le déroulement de l’exercice avant son achèvement, et pour afficher l’intérêt de l’exécutif pour sa réussite et les prochaines étapes de cette stratégie.