Les fonds de capital-risque en France n’ont jamais eu autant d’argent à investir.

Avec un montant disponible estimé à 23 milliards d’euros, soit quatre fois le minimum nécessaire aux entreprises françaises sur un an, les sociétés de capital-risque n’ont jamais disposé de sommes aussi importantes à investir. 

Sur ces 20 dernières années, les sommes disponibles à l’investissement n’ont cessé d’augmenter, particulièrement après la crise de 2009, les entreprises ayant besoin de trouver de nouveaux investisseurs capables de les doter de fonds propres. Aujourd’hui, des sociétés comme Bpifrance créent des fonds dédiés au non-coté. Reflet de la situation de ce secteur d’activité, la banque publique a, depuis janvier, créé sept nouveaux fonds pour un total de 150 millions d’euros.

Une croissance exponentielle sans précédent

Plus que l’augmentation des sommes disponibles, c’est la taille des fonds développés qui laisse apparaître une dynamique nouvelle témoin de l’épanouissement du secteur. L’entreprise Serena Capital crée par exemple en ce début d’année un fonds doté d’une somme presque trois fois supérieure au précédent, passant de 130 à 300 millions d’euros. Un nouveau budget motivé par la qualité du retour sur investissement du fond précédent, selon Xavier Lorphelin, un des associés de Serena, qui dit remarquer la “maturité des institutionnels français” sur la question. Une maturité signe de la stabilité de cet écosystème. 

L’attrait des investisseurs institutionnels est motivé par le souhait de l’Etat et des collectivités de participer au développement d’entreprises innovantes, à l’image de la récente collaboration de Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, qui ont créé, en partenariat avec le groupe Crédit Agricole, la société de capital-risque SCR Métropoles innovations. Le fonds, qui dispose actuellement d’un capital de 10 millions d’euros et est appelé à augmenter rapidement, a pour objectif de soutenir des entreprises du territoire dans leur développement. 

Repenser la contribution des fonds au développement RSE

La croissance des fonds d’investissement s’accompagne d’un nouveau défi : accompagner les entreprises dans leurs ambitions de créer des innovations à impact. Si les sociétés de capital-risque sont particulièrement attirées par les nouvelles technologies, la crise du Covid-19 les a aussi incité à se tourner vers la valorisation de la transition énergétique ou encore le développement de biotech et autres Start Up liées à la santé. C’est d’ailleurs la raison d’être de deux des fonds créés par BpiFrance, en janvier, Eiffel essentiel et Loxera. 

Mêler soutien à l’innovation et au développement RSE des entreprises est un enjeu dont les gestionnaires de fonds d’investissements sont conscients. Selon une étude de l’IPEM, sur 225 gestionnaires interrogés, près de 66% font de l’ESG (Investissement environnemental social et de gouvernance), une priorité interne pour l’année à venir, en appliquant par exemple dans leurs critères de sélections des dossiers, des règles inhérentes à la loi pacte de 2019. Tous les voyants sont donc au vert pour les véhicules d’investissements, la balle est maintenant dans le camp des entreprises, qui semblent enclines à se tourner vers ces fonds