Violences et émeutes à Barcelone suite à l’arrestation d’un rappeur catalan provoquent des tensions dans la coalition à Madrid

L’arrestation du rappeur catalan de 32 ans, Pablo Hasél, a provoqué une vague de violence dans la région catalane et divise la classe politique à Barcelone comme à Madrid, quelques jours après les élections régionales qui ont vu la victoire du camp indépendantiste.

Le mardi 16 février, le rappeur Pablo Hasél a été interpellé par la police au sein de l’université de Lérida, dans laquelle il s’était réfugié avec ses soutiens. Déjà condamné en 2018 à 9 mois de prison pour avoir proféré des insultes à l’égard de la police espagnole ainsi que la monarchie sur Twitter, il a été arrêté puis incarcéré. 

Les griefs qui lui sont opposés sont l’injure à la Couronne et l’apologie du terrorisme. Cet événement a provoqué l’indignation en Catalogne et en Espagne et Pablo Hasél est érigé par certains en symbole de la liberté d’expression, en particulier dans les milieux proches des partis indépendantistes catalans de gauche comme de droite. Depuis son arrestation, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Barcelone pour s’opposer à son arrestation. Si les marches organisés ont d’abord été pacifiques, elles ont fini par tourner à l’émeute plusieurs soirs de suite. Plusieurs soirs de suite, la ville de Barcelone a été le théâtre d’affrontements avec la police, agrémentés de pillages et de casse des biens publics. Le 18 février, des casseurs s’en sont pris à l’immeuble qui accueille le journal « El Periódico de Cataluña ».

Des scènes de violence qui divisent l’exécutif de Madrid

Plusieurs policiers ont été blessés et des dizaines de manifestants ont été arrêtés. Ces tensions ont même rejailli jusqu’à Madrid au sein du gouvernement espagnol, entre les membres du PSOE (socialistes) et des membres de Podemos, à l’extrême-gauche de l’échiquier politique. 

Le chef du gouvernement, Pedro Sánchez (PSOE) et ses soutiens ont demandé un apaisement en admettant que le jugement était “disproportionnée”, avant de proposer une modification du Code pénal pour que “les excès verbaux commis dans le cadre de manifestations artistiques, culturelles ou intellectuelles” ne puissent mener à une incarcération. Mais Pablo Iglesias, vice-président du gouvernement et chef de file de Podemos, a lui vivement critiqué cette arrestation qu’il estime « arbitraire ». Les membres de Podemos ont également apporté publiquement leur soutien aux opposants à cette décision, au nom de la liberté d’expression. 

Le gouvernement espagnol se retrouve donc impliqué dans une querelle politique délicate qui s’ajoute aux tensions entre Barcelone et Madrid sur l’avenir institutionnel de la Catalogne. Le gouvernement est chargé de faire respecter l’ordre public et se doit en parallèle de garantir le respect des règles démocratiques et de calmer le jeu avec le camp indépendantiste. Les propos des membres de Podemos ont ainsi été jugés démagogiques par beaucoup d’élus socialistes, qui y voient un moyen de mettre de l’huile sur le feu à une polémique déjà bien avancée et de faire monter les enchères au sein de la coalition. La construction d’un nouveau gouvernement en Catalogne et l’évolution des relations au sein du gouvernement espagnol dans les prochaines semaines pourraient bien constituer de nouveaux moments de tension, avant peut-être de nouvelles élections générales, que bien peu d’observateurs voient n’advenir qu’au terme du Parlement actuel en décembre 2023.