L’OMC a choisi sa nouvelle dirigeante, la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala

Ngozi Okonjo-Iweala est la première femme et la première personne d’origine africaine à prendre la tête de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). La nigériane a été sélectionnée comme future directrice générale de l’OMC le 15 février 2021.

L’ancienne ministre des Finances et des Affaires Etrangères du Nigéria entend participer à relancer l’économie mondiale et le commerce tout en « favorisant la libre circulation des vaccins et des équipements médicaux pour tous ». La directrice générale prendra ses fonctions le 1er mars 2021 pour un mandat renouvelable qui s’étendra jusqu’en août 2025.

Une organisation presque à l’arrêt depuis plusieurs années

Depuis la démission surprise de Roberto Azevêdo en août 2020, l’organisation recherchait un successeur au diplomate brésilien. Ngozi Okonjo-Iweala faisait partie des finalistes de cette sélection avec la ministre du commerce sud-coréenne Yoo Myung-hee, auparavant soutenue par l’administration Trump, et qui s’est retirée de la course le 5 février dernier. La future directrice générale s’est dite honorée par cette nomination, et a rappelé que beaucoup de chemin reste à parcourir pour l’organisation internationale. L’OMC s’est en effet révélée particulièrement inefficace et affaiblie ces derniers mois, principalement compte tenu de la puissance et de l’influence des Etats-Unis. Les relations avec Donald Trump étant tendues, l’ancien président avait même utilisé son véto contre Ngozi Okonjo-Iweala.

Ngozi Okonjo-Iweala affirme vouloir revitaliser l’OMC, afin qu’elle serve le multilatéralisme. Selon Ngozi Okonjo-Iweala, l’organisation s’est éloignée de son objectif premier : améliorer les conditions de vie des populations. Pour accomplir cette mission, la nouvelle patronne de l’organisation veut faciliter l’accès aux vaccins contre le Covid-19 au niveau mondial. Ngozi Okonjo-Iweala s’est confiée à CNN en affirmant que les pays développés se sont lancés dans une course au vaccin, qui dure toujours, en court-circuitant les pays en développement. Selon elle, il est de l’intérêt de chacun que tous soient vaccinés, afin d’enrayer la progression de la pandémie. L’ancienne ministre mettra un point d’honneur à placer le commerce au centre de sa stratégie de reprise économique. Avec l’organisation, l’objectif sera de fluidifier certains processus comme les négociations fleuves sur les subventions à la pêche, en suspend depuis plus de 20 ans.

Une nomination qui ne faisait pas l’unanimité

Si cette nomination est saluée par la scène internationale, Ngozi Okonjo-Iweala ne fait pas l’unanimité. Ministre des Finances, elle n’a pas hésité dans son pays à prendre des mesures anti-corruption sévères, emprisonnant des militaires et politiciens, et s’attirant même des soucis personnels avec le kidnapping de sa mère pour la faire revenir sur l’une de ses décisions. Pour autant, certains soulignent les milliards de dollars disparus pendant son mandat. C’est le cas de Sarah Chayes, auteur de Thieves of State, un livre sur la corruption de grande envergure. Si Ngozi Okonjo-Iweala n’a jamais été inquiétée pour ces accusations, l’auteur américaine de l’ouvrage affirme que la seule nomination de la Nigériane à la tête de l’OMC est une honte. Si la patronne de l’OMC n’a pas participé à ces détournements de fonds, elle aurait d’après elle fermé les yeux en ne prenant aucune action contre cette corruption. Beaucoup de nigérians parlent d’hypocrisie de sa part.

La nouvelle directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce débute donc dans cette nouvelle fonction avec un travail considérable à effectuer et entend mener à bien son mandat en rendant à l’OMC sa fonction première : fluidifier le commerce international en apaisant les tensions, pour améliorer les conditions de vie des populations.