Chine et Inde trouvent un accord pour réduire leurs tensions dans l’Himalaya

Pour apaiser les tensions diplomatiques entre les deux géants, la Chine et l’Inde ont trouvé un terrain d’entente sur la question de l’Himalaya, le long de la ligne de contrôle effectif établie en 1962 après une guerre éclair entre les deux pays.

Alors qu’un accrochage entre les deux armées a éclaté récemment, faisant plusieurs dizaines de morts dans l’Himalaya, le ministre indien de la défense, Rajnath Singh a indiqué, devant la Rajya Sabha, la Chambre haute du Parlement à New Delhi, qu’un “accord de désengagement sur les rives nord et sud du lac Pangong” avait été conclu à l’issue de plusieurs discussions entre les commandants de l’armée et les diplomates. 

Un accord symbolique pour apaiser les tensions diplomatiques

Dans le cadre de cet accord symbolique, décisif pour apaiser les relations entre les deux puissances asiatiques, les deux armées se sont engagées à se retirer “des points de frictions le long de la ligne de contrôle”. C’est à ce niveau que des premiers mouvements de troupes de l’armée populaire de libération chinoise ont été détectés par l’Inde, en avril 2020. Cet accord, obtenu après de nombreux pourparlers et finalisé le 24 janvier, devrait, selon M. Singh, participer à “rétablir substantiellement la situation qui existait avant le début de l’antagonisme de l’an dernier”. 

L’armée indienne s’est d’abord retirée de la huitième crête, sur la rive du nord du lac Pangong, là où passe la ligne de contrôle effectif, pour se diriger vers la troisième crête. L’armée chinoise en a fait de même, reculant de la huitième crête pour rejoindre l’intérieur de l’Aksai Chin, une région administrée par la Chine dans le cadre de ses régions autonomes du Xinjiang et du Tibet.  Compte tenu de “l’arrêt temporaire des activités militaires, y compris les patrouilles” dans cette nouvelle zone tampon, convenu entre les deux géants asiatiques, l’ensemble des infrastructures bâties entre la quatrième et la huitième crête va être détruit.

Pour le lieutenant-général à la retraite Deependra Singh Hooda, ancien responsable du commandement du nord de l’Inde, il s’agit d’un “bon début pour le processus de désengagement souhaité”, ainsi que pour “la restauration du statu quo” sollicitée par New Delhi depuis le début des tensions grandissantes sur le toit du monde. 

Opposition intestine en Inde

Malgré cet accord, l’opposition au gouvernement Modi reste vive côté indien. A l’occasion d’une conférence de presse, Rahul Ghandi, figure centrale du Parti du Congrès, a fait part de son mécontentement, accusant le Premier ministre Narendra Modi de faire preuve de « lâcheté » et le jugeant incapable de « tenir tête aux Chinois ». M. Ghandi a notamment estimé que le lac Pangong n’est qu’un point de friction parmi d’autres sur la ligne de contrôle, où armées indienne et chinoise se prêtent à de violents heurts au niveau du village de Daulat Beg Oldie, qui offre un accès au col de Karakoram ainsi qu’à celui de Demchok menant à son tour au col de Shipki.

En vue d’apaiser les tensions diplomatiques dans les meilleures conditions, le ministre indien de la défense a indiqué que quarante-huit heures seraient prévues après le désengagement complet de part et d’autre du lac Pangong ainsi que « de nouvelles discussions entre les états-majors » au sujet des problématiques restantes.