Universal Music pourrait entrer en Bourse en 2021

Le groupe numéro un mondial de la musique, Vivendi, détenu par l’homme d’affaires Vincent Bolloré, a annoncé samedi à propos de sa filiale Universal Music Group (UMG) : une future introduction en bourse ainsi que la distribution de 60% du capital à ses actionnaires.

Universal Music, détenu depuis 2000 par Vivendi, groupe leader de l’industrie musicale, réunit certains des meilleurs artistes internationaux : des Beatles à Taylor Swift en passant par Rihanna, Ariana Grande, Justin Bieber, les Rolling Stones ou encore Lady Gaga. En décembre, le groupe a même conclu une des plus grandes acquisitions de l’histoire de la musique en achetant l’intégralité des droits des chansons de Bob Dylan, un investissement qui pourrait dépasser les 300 millions de dollars selon le New York Times. Ainsi lundi, à l’issue de l’annonce faite par le groupe, l’action Vivendi était extrêmement attendue, et elle s’est envolée à l’ouverture de la Bourse de Paris, jusqu’à dépasser les 30 euros à 12h00. Cette performance importante a été accompagnée d’une hausse de 12,58% de l’action Bolloré qui a atteint plus de 4 euros. Cela faisait déjà plusieurs mois que les grands actionnaires institutionnels de Vivendi réclamaient la scission ou la distribution d’Universal Music Group. L’objectif premier est de « diminuer la décote de conglomérat de Vivendi ».

Si en 2013, Vivendi avait décliné une offre d’achat de 6,5 milliards d’euros de la part du japonais Softbank, le conglomérat indiquait que les actifs d’Universal Music Group constituaient des éléments essentiels dans sa stratégie d’avenir. La manœuvre apparaît aujourd’hui payante puisque selon les chiffres de 2019 et du premier semestre 2020, Universal Music représentait près de 50% des revenus de Vivendi et 70 % de son résultat opérationnel courant (ROC). Le directoire de Vivendi, qui est basé à Santa Monica en Californie, a ainsi fixé le seuil minimum de la valorisation de sa « major » à 30 milliards d’euros. Alors que l’année 2020 a freiné les ventes physiques de CDs, Universal Music a été le principal moteur du groupe qui enregistre une croissance de 18,9% malgré la crise sanitaire. De fait, le marché de l’industrie musicale est en plein boom avec l’essor des plateformes de streaming et Vivendi demeure un des acteurs dominants du marché mondial de la musique, en concurrence avec Sony et Warner.

Cotation prévue à la Bourse d’Amsterdam

La cotation devrait avoir lieu à la Bourse d’Amsterdam, qui s’affirme comme un grand centre financier européen post-Brexit. Le choix de la localisation n’est pas un hasard position puisqu’il s’agit d’un « pays où était implanté un des sièges historiques d’Universal Music Group ». Concrètement, une assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Vivendi est prévue le 29 mars prochain et a pour objectif de modifier les statuts afin de permettre la distribution de 60% du capital aux actionnaires à titre de distribution exceptionnelle (« special dividend »).

«En cas de vote positif de ses actionnaires, Vivendi poursuivra ce projet, avec une assemblée générale approuvant la distribution qui pourrait aboutir avant fin 2021», indique le communiqué. Le holding de la famille Bolloré s’impose toujours dans les actionnaires d’Universal Music Group à hauteur de 16% et désormais de façon directe. Si l’on additionne cette portion du Groupe Bolloré, aux 20% détenus par Vivendi, Vincent Bolloré conserve une minorité de blocage pour Universal Music Group.

L’introduction en Bourse de l’entreprise Universal Music, rendue indépendante, devrait donc se tenir d’ici la fin de l’année, mais ce n’est pas le seul projet en cours pour Vivendi. La société, qui comprend déjà le groupe de télévision Canal+, l’éditeur Editis, le spécialiste jeu vidéo Gameloft et bientôt l’éditeur de magazines Prisma, se tient aussi acquéreur potentiel du groupe M6 (via sa filiale, la radio RTL), d’Europe 1 et démontre un grand intérêt pour l’éditeur Hachette, au sein de Lagardère.