Résultats dans le rouge pour Total en 2020, qui souhaite rebondir avec un nouveau nom : TotalEnergies

Si l’entreprise s’en sort mieux que la plupart de ses concurrents en 2020, Total a dû néanmoins compter sur une perte nette de 7,2 milliards de dollars. Le groupe, qui se définit lui-même comme « résilient dans la tempête », souhaiterait se renommer TotalEnergies pour mieux refléter la transition énergétique qui incarne sa nouvelle stratégie.

Tandis que Total encaissait un bénéfice de 11 milliards de dollars en 2019, le bilan de l’année passée indique une perte de 7 milliards. Au même titre que l’économie mondiale, l’entreprise a été touchée de plein fouet par la pandémie mondiale du Covid-19. De fait, les perspectives d’avenir sont toujours incertaines pour les milieux pétrolier et gazier, puisque le trafic aérien est largement à l’arrêt jusqu’en 2024, que la guerre sur le baril entre l’Arabie Saoudite et la Russie fait drastiquement tirer les prix du pétrole vers le bas, et que le cours du pétrole a connu une forte chute et les actifs et de lourdes dépréciations. Total a en outre été contraint de vendre ses stocks à perte lors du confinement. 

Dans un communiqué, Patrick Pouyanné, PDG de Total, explique que « l’année 2020 a connu deux crises majeures: celle de la pandémie de la Covid 19 qui a fortement affecté la demande mondiale, et celle du pétrole qui a conduit les prix du Brent à un niveau inférieur à 20 dollars par baril au cours du deuxième trimestre ».

En réalité, le monde de l’énergie connaît un basculement inédit. Forcés de se détacher de leurs repères historiques, les pétroliers européens investissent largement dans le domaine des énergies ­renouvelables. Ainsi, l’engagement de l’entreprise dans la transition écologique n’est pas un hasard tant la filière du pétrole paraît aujourd’hui instable et que cette conversion possède un intérêt stratégique évident pour l’entreprise. À l’image de ses concurrents Shell et BP qui ont également annoncé des positions semblables il y a quelques mois, Total déploie de nouveaux objectifs. L’avenir du groupe devra dépendre principalement de l’électricité d’origine éolienne et solaire. D’ici 2030, Total espère s’être suffisamment investi dans cette direction pour que le pétrole ne représente plus qu’un tiers de son chiffre d’affaires. Son autre ambition est de tendre vers la neutralité en termes d’émissions CO2 d’ici 2050.

La mue progressive d’un groupe résilient

La dénomination TotalEnergies, qui sera proposée à l’assemblée générale des actionnaires en mai, permet au groupe de refléter de nouvelles ambitions internationales. En étant à la fois le moyen le plus symbolique et le plus pragmatique de montrer l’engagement de l’entreprise dans le défi de la transition énergétique, ce nouveau nom donne toutefois lieu à une controverse. Si Total affirme sa volonté de produire davantage d’énergie en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre, certains remettent toutes ces ambitions en doute évoquant un « coup médiatique » voire du « greenwashing ». Le paradoxe est le suivant : Total veut se détacher de son âme pétrolière tandis que la production de celui-ci représentait la moitié du cash-flow de la compagnie en 2020. Il en est de même pour son rapport au gaz, puisque Total, premier producteur de gaz naturel liquéfié au monde, a survécu à la récente crise pétrolière grâce à ses ventes de gaz qui dépassent même celles du pétrole.

Au-delà des critiques, le groupe se déclare «résilient». Pour les dirigeants de Total, l’avenir se trouve en tout cas bel et bien dans les électrons, et les investissements qui y sont consacrés en témoignent nettement. En un an, l’entreprise a engagé environ 2,5 milliards de dollars dans ce sens, avec 10 gigawatts de projets éoliens ou ­solaires, ce qui correspond environ à dix réacteurs nucléaires. L’objectif affiché est d’atteindre les 35 gigawatts d’ici 2025. Patrick Pouyanné a ainsi déclaré que « le groupe affirme sa volonté de se transformer en une compagnie multi-énergies pour répondre au double défi de la transition énergétique: plus d’énergie, moins d’émissions ».