Larry Fink et BlackRock, ni suiveurs, ni leaders mais moteurs de la transition ESG

Crise sanitaire, enjeux environnementaux, lutte contre les discriminations : année après année, la très attendue lettre annuelle du PDG de Blackrock Larry Fink confirme que le monde de la finance, objet de beaucoup de fantasmes et suspicions, est un acteur essentiel et un vecteur privilégié de changement pour atteindre les objectifs environnementaux et sociaux.

Avec plus de 8 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, BlackRock est le premier gestionnaire d’actifs au monde, devançant ses concurrents américains tels que Vanguard ou State Street, ou Européens tels qu’Amundi. Cette position privilégiée confère un poids certain à chacune des déclarations publiques de Larry Fink, son PDG depuis plus de 30 ans.

À l’heure où les appels à une transition vers une économie plus durable et responsable se font de plus en plus pressants, exacerbés par la crise sanitaire qui bouleverse l’économie mondiale depuis maintenant 12 mois, ce rituel de début d’année de Larry Fink marque cette année un tournant décisif vers un mouvement inéluctable. Sa plume devrait faire l’objet de nombreux commentaires, non seulement de la part du secteur financier, destinataire habituel de cette communication, mais également des associations et des ONGs engagées sur les sujets de la transition écologique et du changement social. Deux thématiques majeures sur lesquelles le PDG de BlackRock met tout particulièrement l’accent dans son analyse de l’année écoulée et dans le choix de ses orientations pour les années prochaines.

La capacité structurante de la finance à changer le monde 

“En mars, l’idée reçue était que cette crise allait détourner l’attention de la question climatique. Or c’est exactement le contraire qui s’est produit et la réaffectation des capitaux s’est accélérée encore plus vite que je ne l’avais pensé” constate Larry Fink. Avec 288 milliards de dollars investis dans des actifs durables, entre janvier et novembre 2020, soit une hausse de 96% par rapport à l’année précédente, les investisseurs ont confirmé et amplifié “l’accélération du mouvement tectonique” et accompagné plus massivement et activement les transitions environnementales et sociales à l’œuvre dans nos sociétés.

Pour les acteurs de la finance, et donc pour BlackRock, la transition vers l’investissement durable qui est en cours est d’abord une « opportunité d’investissement historique » de même que « le risque climatique est un risque d’investissement ». Dans ce contexte, les investisseurs – institutionnels ou particuliers- ont intérêt à prendre en compte ce mouvement, au même titre que le passage à l’électrique dans le secteur de l’automobile ou les énergies renouvelables pour les énergéticiens.

Une démarche globale des États, acteurs de l’économie, et ONGs pour faire progresser les objectifs de la transition écologique

Avec l’engagement pris par la nouvelle administration américaine de rejoindre l’Accord de Paris et de parvenir à l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, ce sont désormais 127 États, responsables de plus de 65% du volume mondial d’émissions, qui se sont engagés en faveur de cet objectif. La dynamique continue de s’intensifier avec des initiatives coordonnées comme le One Planet Summit qui compte aujourd’hui 33 institutions gérant un total de 30 000 milliards de dollars, ou encore l’initiative Climate Action 100+ avec plus de 500 investisseurs signataires responsables de plus de 52 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Du côté des entreprises, 1100 se sont à ce jour engagées à soutenir le Net Zero à 2050 avec des conséquences majeures sur l’économie mondiale.

Les ONGs ont leur rôle à jouer dans cette partition. Elles sont des observateurs clés et mettent sur le devant de la scène médiatique l’antienne de l’inaction climatique des acteurs économiques. Elles rappellent aussi l’impératif pour les acteurs de la finance de redoubler d’efforts en termes de transparence et de pédagogie pour informer l’ensemble des parties prenantes sur leurs réalisations et objectifs.

L’effet de levier des critères ESG

Le financement des entreprises performantes sur les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) et une allocation d’actifs privilégiant les secteurs porteurs de la transition sont non seulement des points de passage obligés, mais également des leviers indispensables pour que s’opère la transition. C’est devenu une condition indispensable de performance financière et ainsi de rémunération de l’épargne satisfaisante.

Écrite des États-Unis, un pays en proie à une gestion hasardeuse de la crise sanitaire de la part de l’administration sortante, à une question raciale toujours prégnante et à une marche sur le Capitole sidérante, c’est un message d’optimisme qui nous est transmis de la part de Larry Fink.

La transition est possible. Elle est déjà à l’œuvre et sera sans nul doute un mouvement tectonique. La surperformance financière des entreprises intégrant les critères ESG, provoquera un effet d’imitation propre à convaincre les plus rétifs et devrait permettre un alignement global autour des enjeux d’une transition devenue indispensable.

La finance ne sera pas seulement un acteur et un vecteur de la transition. Ce sera aussi son moteur.