Mario Draghi chargé par le Président Mattarella de former un nouveau gouvernement en Italie

Après une quête vaine pour renforcer les rangs de la majorité sortante et alors que le gouvernement de Giuseppe Conte subissait une valse de votes de confiance sans fin, le président de la République, Sergio Mattarella, a chargé l’ex-président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, de constituer un gouvernement « de haut niveau », loin de tout affairisme politique. 

Un jeu d’équilibriste auquel l’ex-président de la BCE devra prendre part, alors même que les crises sanitaire, économique et sociale sévissent encore dans tout le pays. «Il s’agit d’un moment difficile (…) Vaincre la pandémie, continuer la campagne de vaccination et relancer le pays sont les défis qui nous attendent», a-t-il partagé à l’issue d’un entretien avec le président Mattarella.

Le plan de sauvetage italien : un gouvernement sur le fil

Au vu de la gravité de la situation, le « technicien » Draghi a annoncé la couleur aux Italiens : « donner immédiatement vie à un nouveau gouvernement capable de faire face aux graves urgences actuelles ou organiser des élections anticipées ». Sur fond de crises sanitaire, économique et sociale, la réponse à la question, décisive soit-elle, devra être capable d’apporter les clés nécessaires pour la gestion de l’enveloppe européenne présentée d’ici peu à Bruxelles afin de soutenir la relance du pays. Mais l’hypothèse d’une campagne électorale rendrait caduque l’élaboration du plan d’utilisation de ces fonds.

Et alors même que le président a exigé un gouvernement indépendant de la politique, l’homme, respecté en Italie comme en Europe, devra quand même solliciter la confiance du Parlement. Face à cette voie sans issue, Mattarella a lancé un appel solennel aux forces politiques, sans toutefois garantir un retour favorable. Quoi qu’il en soit, la transformation de l’appareil politique semble inévitable.

Si, pour l’heure, les tenants et les aboutissants gouvernementaux restent inconnus, Mario Draghi fait déjà preuve d’optimisme : « Je suis confiant qu’une unité émergera des rencontres avec les forces politiques et sociales. ». Soutenu par Italia Viva, le Parti démocrate, Forza Italia et une constellation de groupes (131 voix au total), la majorité absolue est encore loin d’être atteinte (161 voix). Pour espérer l’emporter, Draghi devra rallier à sa cause le Mouvement 5 étoiles (M5S) fermement opposé à un gouvernement Draghi (92 sénateurs). L’éclatement du M5S, qui pourrait être précipité par l’éviction de Giuseppe Conte, pourrait toutefois rebattre les cartes et faciliter la constitution d’un nouveau gouvernement. Du côté de la Ligue, le parti de Matteo Salvini, qui semble privilégier le retour aux urnes, réclame une vue d’ensemble sur le programme de Draghi avant d’apporter son soutien. Dans ce contexte d’acrobaties politiques, l’équilibre ne sera pas facile à trouver.