Le rachat des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri abandonné

Le rachat des Chantiers de l’Atlantique était supposé donner naissance à un champion européen de la construction navale, mais le rachat du fleuron français par le géant italien n’a pas eu lieu. Cette nouvelle, plutôt bienvenue pour de nombreuses personnalités politiques et syndicales laisse les chantiers navals de Saint Nazaire dans le flou quant à leur avenir.

Les Chantiers de l’Atlantique sont connus depuis de nombreuses années comme la vitrine du savoir faire français dans la construction navale. De la construction du paquebot France achevée en 1960 en passant par les dizaines d’autres bateaux mis à flots, les chantiers navals de Saint Nazaire ont connu plusieurs propriétaires depuis qu’ils ont leur forme actuelle : longtemps propriété du groupe Alstom de 1976 à 2008, ils ont ensuite passé 10 ans sous pavillon coréen avec le groupe STX avant de retourner sous le giron national à hauteur de 84,3% en 2018.

En 2017, les négociations avaient débuté pour céder 50% du capital + 1% en prêt à l’italien Fincantieri, basé à Trieste, avec pour date butoir le 31 décembre 2020, avant que Paris n’accorde un mois de délai supplémentaire. L’échec de cette vente, en grande partie lié à la crise sanitaire, a réjoui plus d’un représentant politique et notamment le maire de Saint Nazaire, David Samzun (PS) ainsi que les présidents du département de Loire Atlantique Philippe Grosvalet (PS) et de la région Pays de Loire Christelle Morançais (LR) qui avaient signé une tribune commune pour s’y opposer.

Quel avenir pour les chantiers de l’Atlantique ?

Avec un carnet de commandes plein pour les prochaines années tant au niveau civil que militaire, les Chantiers de l’Atlantique ne sont pas dans une situation d’urgence absolue pour trouver un nouvel investisseur. Toutefois, la crise sanitaire et les nouvelles contraintes écologiques laissent planer le doute sur l’avenir des immenses paquebots de croisière dans les années futures. Dans un secteur à faibles marges, la solidité financière est un pilier que le fleuron français se doit de ne pas négliger mais pas à n’importe quel prix.

Si le rachat par Fincantieri a officiellement échoué en raison du manque de garanties apportées par le constructeur naval italien vis à vis du respect des règles de concurrence imposées par l’Union Européenne, il n’est pas impossible que la vente ait été freinée pour des raisons de souveraineté. En effet, les liens entretenus par Fincantieri avec le chinois CSCC ont pu faire craindre à l’Etat français un risque de transfert de technologies et donc de perte de l’exclusivité d’un savoir faire reconnu. Il reste donc deux possibilités quant à l’avenir des Chantiers de l’Atlantique : la nationalisation ou la recherche d’un nouvel investisseur. Si Bercy n’a pas encore tranché dans l’immédiat, il semblerait qu’un homme d’affaires français extérieur au monde maritime se soit manifesté sans pour autant que des discussions aient formellement commencé.