Turquie et Grèce lancent le dialogue pour partager l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée Orientale

Depuis plusieurs mois, les tensions peinent à diminuer entre Grèce et Turquie en raison d’un partage des zones économiques exclusives jugé inégale par Ankara. Après les explorations turques menées cet été à la recherche d’hydrocarbures, perçues comme une provocation par Athènes, le dialogue débute à peine entre les deux pays de la mer Egée pour amorcer la désescalade des tensions.

Bien que l’on puisse constater un apaisement relatif entre les deux pays, les discussions n’en sont qu’à leur commencement et n’ont pas de garantie d’aboutir tant les oppositions sur de nombreux points sont conséquentes.

Des discussions d’abord entamées sur le forme

La délégation grecque arrivée à Istanbul et reçue au palais de Dolmabahçe par Sedat Önal, vice ministre des affaires étrangères turc, a fait part de son « optimisme » et de son « espoir » tandis qu’Ankara a salué « l’atmosphère positive « qui entoure cette reprise du dialogue. Cependant, bien que le ton soit apaisé dans la forme, sur le fond les deux parties ne sont pas parvenues à trouver un accord sur la liste des sujets traités lors des pourparlers. Athènes souhaite simplement débattre de la délimitation du plateau continental de ses îles en mer Egée, tandis qu’Ankara souhaite entièrement renégocier la zone économique et l’espace aérien entre les deux pays. Alors que le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu, met en garde la Grèce au sujet de son potentiel projet de doublement des eau territoriales qu’il considère comme un véritable « casus belli », de son coté, Nikos Dendias, son homologue grec, minimise l’importance des contacts amorcés entre les deux pays, les qualifiants de simples « discussions informelles ».

Le climat presque belliciste de l’été dernier a beau s’être quelque peu estompé, la Grèce vient malgré tout de passer commande de 18 avions Rafale à la France et a également décidé de l’allongement de son service militaire de 9 à 12 mois, se préparant ainsi à d’éventuelles nouvelles provocations de la part de la Turquie. Cette dernière de son coté, frappée par les sanctions européennes du mois de décembre et durement touchée dans son économie par la crise du coronavirus, souhaite apaiser le climat qui règne et tenter de trouver un terrain d’entente.

Craignant une isolation diplomatique du fait du départ de son allié américain Donald Trump à la tête de la Maison Blanche, Recep Tayyip Erdogan a voulu montrer sa bonne volonté en rappelant l’Oruç Reis, navire d’exploration chargé de trouver d’éventuelles réserves d’hydrocarbures marins. Il semble toutefois peu probable qu’un accord soit trouvé dans un futur proche dans la mesure ou le statu-quo bénéficie plutôt à la Grèce, signataire de la convention de Montego Bay lui conférant la pleine souveraineté sur les ressources économiques se trouvant dans la zone exclusive entourant ses multiples îles et îlots en Méditerranée.