Manifestations violentes aux Pays-Bas face aux mesures de restriction sanitaire

Après trois soirées de violentes émeutes en réponse au couvre-feu instauré par le gouvernement de Mark Rutte samedi 23 janvier, les Pays-Bas ont semblent-ils retrouvé un semblant de calme la nuit du 27 janvier.

C’est ce que redoutent les dirigeants depuis le début de la crise sanitaire qui sévit depuis près d’un an : des protestations citoyennes en réaction aux différentes restrictions mises en place pour endiguer l’épidémie de Covid-19.  Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui avait annoncé sa démission au roi Willem-Alexander deux mois avant les prochaines législatives prévues au mois de mars, se retrouve fragilisé par les récents événements dans son pays. 

Depuis samedi dernier, l’exécutif a instauré le premier couvre-feu  depuis la Seconde Guerre mondiale afin d’éviter un confinement, en raison de l’émergence du variant britannique, plus contagieux, dans toute l’Europe. C’est la première fois depuis le début de l’épidémie que les Néerlandais doivent justifier leurs déplacements. Désormais, tout déplacement entre 21 heures et 4 heures 30 du matin est interdit, et ce, jusqu’au 9 février a minima. En réaction, le gouvernement s’est attiré la colère de l’opposition d’extrême droite mais surtout d’une frange de la population. Le mouvement de protestation a émergé sur Twitter avec le mot d’ordre “AvondklokProtest” (Protestation Couvre-feu en français), premier des tendances sur le réseau social samedi soir.

Affrontements violents avec la police, pillages et scènes de révoltes dans plusieurs villes hollandaises 

Après la fermeture des lieux de restauration depuis la mi-octobre, puis des écoles et des commerces en décembre, l’annonce d’un couvre-feu dans le pays a déclenché des vagues de violences inédites dans le pays. Pillages, voitures incendiées, violence à l’égard de la police, incendie d’un centre de dépistage du Covid-19… Les Pays-Bas ont été le théâtre d’un mouvement de colère face aux restrictions sanitaires. Ce qui surprend le plus est la diversité des profils des opposants et le degré d’intensité des manifestations. 

A Amsterdam, des affrontements ont éclaté entre la police anti-émeute et des manifestants. La ville de Rotterdam a été la cible de pillages et de destructions de magasins, et en réponse, la police a fait usage de canon à eau. Tandis qu’à Eindhoven, la police a été prise à partie par des manifestants armés de couteaux. Les petites villes comme Bois-le-Duc ou Geleen ont elles aussi été en proie aux émeutiers.

Au total, plus de 200 personnes ont été arrêtées et une dizaine de policiers ont été blessés. Dans le pays de la liberté et du consensus, ces événements ont choqué et inquiètent, notamment auprès des élites gouvernementales, cibles d’accusations de mesures liberticides. Le calme est partiellement revenu dans la nuit du 27 janvier avec la mise en place par les différents maires d’une présence policière accrue. De son côté le Premier ministre évoquait que le pays connaissait les “pires émeutes en quarante ans”.