Tensions diplomatiques entre Iran et UE après l’exécution de l’opposant politique Rouhollah Zam

Rouhollah Zam, journaliste et dissident, a été pendu en Iran le 12 décembre, moins de 2 jours après sa condamnation à mort. D’abord réfugié en France une dizaine d’années, il avait été kidnappé en Irak par les services iraniens puis condamné et exécuté pour “Corruption sur Terre”. Il avait joué un rôle actif dans la contestation du pouvoir en place en Iran lors de l’hiver 2017, en fondant la chaîne Amadnews via l’application Telegram, divulguant des informations confidentielles sur des dirigeants et relayant largement ce mouvement. 

L’exécution du journaliste a provoqué une vague d’indignation dans la sphère internationale et chez les organisations non gouvernementales, notamment Reporters Sans Frontières et Amnesty International pour qui cette exécution a confirmé «une escalade choquante dans le recours de l’Iran à la peine de mort comme arme de répression».  L’Iran est en effet, selon le rapport 2019 d’Amnesty International, le deuxième pays ayant le plus recours à la peine de mort au monde, derrière la Chine. Les réactions politiques ne se sont pas faites attendre, notamment celles de l’Union Européenne et de la France.

Escalade des tensions entre Téhéran et l’Europe

Le jour même des annonces de l’exécution de Rouhollah Zam, Paris a condamné l’acte qu’elle a jugé «barbare et inacceptable, contraire aux engagements internationaux», tandis que l’UE a indiqué qu’il était «impératif que les autorités iraniennes respectent les droits des accusés et cessent d’avoir recours à des aveux télévisés pour établir et démontrer leur culpabilité». Déclarations qui a amené Téhéran à accuser l’UE d’ “ingérence dans les affaires intérieures iraniennes” le 13 décembre après avoir convoqué les ambassadeurs de France et d’Allemagne à Téhéran, avant d’estimer le 14 décembre que la France, l’Allemagne et l’UE soutenaient le terrorisme, d’après les propos du Ministre iranien des Affaires Etrangères.

Ces tensions diplomatiques interviennent dans un moment clé pour le pays, alors que l’administration de Joe Biden se dit prête à renouer avec Téhéran, que le verdict du procès contre Assadollah Assadi, diplomate iranien jugé en Belgique pour un attentat manqué en 2018 en France, tombe dans un mois et demi, et qu’une élection présidentielle se tient dans quelques mois pour trouver un successeur au Président Rohani.