L’Afrique de l’Ouest connaît sa plus grave crise alimentaire des dernières décennies selon l’OCDE

Dans un contexte sanitaire et économique encore tendu, l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent, doublée d’une crise sécuritaire exacerbée, avertissent l’OCDE et les experts du Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA).

Malgré des récoltes favorables de céréales, tubercules et oléagineux, l’ombre de la faim, du djihadisme et de l’insécurité plane sur les populations du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Une situation « paroxystique » qui risque de s’aggraver, alors que la crise de Covid-19 sévit dans le monde. 

Crises alimentaire et sécuritaire : épées de Damoclès en Afrique de l’Ouest

Alors que 16,7 millions de personnes sont en situation de crise alimentaire critique au Sahel et en Afrique de l’Ouest depuis octobre, les experts anticipent une dégradation de la situation, portant le nombre d’affamées à 24 millions en Afrique de l’Ouest entre juin et août 2021. Au Nigéria seulement, 12,9 millions de personnes pourraient être menacées par la faim l’été prochain, contre 9,2 millions actuellement, suivi par le Burkina Faso avec 2,7 millions de personnes susceptibles de connaître le même sort (contre 2 millions aujourd’hui). Une épée de Damoclès qui pèse au-dessus de ces zones, tandis que la situation sécuritaire ne s’améliore pas. 

La montée en puissance de la violence, de l’insécurité et des bandes armées constitue le principal facteur aggravant. Au nord-ouest du Nigeria, le massacre de soixante-seize ouvriers égorgés par le groupe Boko Haram la semaine dernière, en pleine saison de récolte du riz, a mis un coup supplémentaire à la déstabilisation des filières d’approvisionnement. « Les zones d’attaque armées augmentent chaque jour », a partagé Sy Martial Traore, responsable de la sécurité alimentaire pour le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel.

D’autres perturbations viennent s’ajouter à ce sombre tableau : la crise de Covid-19, qui déstabilise les activités agricoles, a engendré « des ruptures des chaînes d’approvisionnement local des marché et la perte de nombreux emplois », d’après Sékou Sangaré, commissaire à l’Agriculture de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). La flambée des prix mondiaux des produits alimentaires de base pourrait elle aussi ajouter une ombre au tableau.