La Turquie de plus en plus isolée au sein de l’OTAN

Avec la multiplication de ses engagements militaires décidés unilatéralement, la Turquie s’est mis à dos de nombreux partenaires au sein de l’alliance atlantique, au premier rang desquels la France, mais également la Grèce, et est même parvenu à agacer le Secrétaire d’Etat Européen Mike Pompeo. Les tensions entre Recep Tayyip Erdogan et Emmanuel Macron remontent à plusieurs mois, mais le Président français n’est maintenant plus le seul à s’agacer de l’attitude belliqueuse et de la « politique du fait accompli » menée par Ankara.

La succession de prises de positions unilatérales de la Turquie dans de nombreux théâtres d’opération risque d’exposer le régime d’Erdogan a d’éventuelles sanctions internationales, alors même que l’administration Trump, caution principale d’Ankara, est sur le départ.

Une attitude belliqueuse source de tensions au sein de l’alliance

Anticipant la passation qui aura lieu à la Maison Blanche le mois prochain et l’attitude bien moins conciliante de la future administration démocrate à l’égard d’Ankara, le secrétaire d’Etat américain en exercice, Mike Pompeo, au cours de son ultime entrevue à l’OTAN, a enjoint la Turquie d’adopter à nouveau une attitude d’allié et de cesser de faire cavalier seul. En effet, depuis plusieurs mois, la Turquie multiplie les fronts et accentue son implication dans diverses zones de conflit (Libye, Syrie, Haut Karabakh, mer Égée), sans aucune concertation avec ses alliés de l’OTAN, voire même en opposition frontale avec certains comme c’est le cas avec la Grèce. A ce titre, il est important de rappeler -les décisions au sein de l’alliance doivent se prendre à l’unanimité, ce que semble avoir oublié le dirigeant turc qui poursuit ce que beaucoup jugent comme une quête de restauration de l’hégémonie de la période ottomane.

Des sanctions à prévoir ?

La tolérance de l’attitude d’Ankara par les Etats Unis arrivant à échéance, de nombreux pays prennent également position pour condamner les agissement turcs. Le Canada a par exemple suspendu ses exportations des composants électroniques utilisés dans la confection des drones de combats turcs fourni à l’Azerbaïdjan. Jean Asselborn, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a, lui aussi, regretté l’implication de la Turquie dans le conflit du Haut Karabakh. Au fur et à mesure que les dénonciations se succèdent, le sujet d’éventuelles sanctions sera soulevé lors du sommet européen du 10 décembre. Ces sanctions ont cependant assez peu de chances d’aboutir dans la mesure ou celles-ci doivent être votées à l’unanimité et que l’Allemagne souhaite toujours trouver un compromis pour « développer une relation réellement constructive avec la Turquie » comme l’explique un responsable européen.