L’élimination de visons contaminés au coronavirus au Danemark provoque une crise politique

La démission du ministre de l’Agriculture n’aura pas suffit à calmer la tempête déclenchée par la demande d’abattre tous les visons du pays. La Première Ministre du Danemark Mette Frederiksen fait aujourd’hui face au mécontentement des citoyens pour ce qui est interprété comme une gestion trop autoritaire de la crise de la Covid19 et pour avoir précipité la chute de la filière de l’élevage des visons. 

Le gouvernement danois avait pris cette décision drastique après avoir été informé par l’Institut de Sérologie de l’Etat, le 2 novembre, qu’une mutation de la Covid19 présente chez les visons pourrait rendre inefficaces les vaccins si elle venait à se répandre parmi les humains. A l’occasion d’une conférence de presse le 4 novembre, le directeur de l’institut indiquait qu’une nouvelle épidémie pourrait ainsi provenir des visons du Danemark. A cette même conférence, la première ministre annonçait sa décision d’abattre les 17 millions de visons danois. Peu après, les éleveurs recevaient une lettre du ministère de l’Agriculture les obligeant à obtempérer.

Une éradication totale menant au scandale

Alors que l’abattement des millions de bêtes suivait son cours, les médias ont indiqué à la population le 8 novembre que l’Etat danois n’avait pas la possibilité légale d’obliger les éleveurs à tuer les visons qui n’étaient pas porteurs du virus. Cela a obligé Mogens Jensen, le ministre de l’Agriculture, à transformer l’obligation d’abattage en “recommandation”, à reconnaître l’erreur commise, puis à démissionner le 18 novembre, après qu’il soit apparu que les ministères avaient été informés depuis plus d’un mois du manquement légal de cette obligation.

Mette Frederiksen maintenait jusqu’ici avoir “agi correctement” Néanmoins, après de nombreuses manifestations d’agriculteurs et critiques de l’opposition comme de ses alliés, la Première Ministre s’est excusée pour la première fois le 21 novembre pour sa gestion de la crise lors de sa visite à un éleveur dans l’ouest du pays. A cette déclaration, elle a ajouté : «C’est important de se rappeler que ce n’est pas de la faute des éleveurs, c’est la faute du coronavirus, si l’industrie ne peut pas continuer». Une crise politique qui a même mené à une séquence inédite devant les caméras, pendant laquelle la Première Ministre très émue a laissé échappé quelques larmes après avoir renouvelé ses excuses.