Emeutes au Guatemala face à la politique économique du nouveau président conservateur

Le 21 novembre dernier, de violents affrontement ont éclatés en marge d’une manifestation pacifique à Guatemala City exigeant le départ du Président Alejandro Giammattei, élu il y a moins d’un an. En réaction au vote d’un budget historique d’un montant sans précédent et scandant des slogans anti-corruption, un groupe de manifestants a mis le feu au Parlement avant que les forces de l’ordre ne les dispersent, causant plusieurs dizaines de blessés.

Parmi les manifestants venus réclamer le départ du Président Giammattei en brandissant des drapeaux bleu et blanc du pays, une vingtaine de personnes ont été interpellées suite aux incidents autour du Parlement et plus d’une cinquantaine ont été hospitalisées du fait des gaz lacrymogènes et des mouvements de foule.  

Arrivé au pouvoir le 21 janvier dernier, le Président Alejandro Giammattei souffre d’une impopularité croissante et de nombreux manifestants réclament son départ, l’accusant de corruption. Le vice Président Guillermo Castillo lui-même a déclaré dans un message à la nation « Pour le bien du pays, je lui ai demandé que nous présentions ensemble notre démission ».

Les protestations violentes ont pour origine le vote d’un budget sans précédent d’un montant de 99,7 milliards de Quetzals (soit 10,9 milliards d’euros) dont un tiers financé par de la dette, comprenant des coupes massives dans des services publics, dans un pays où la précarité est très importante. La cristallisation des tensions réside dans l’opacité des ressources allouées pour faire face au coronavirus ainsi que dans la création d’un poste de super-ministère attribué à un jeune proche du Président le rendant coupable de népotisme pour beaucoup de contestataires. Dans ce pays où 59% de la population vit dans la pauvreté, seuls 15% des 3,8 milliards de dollars prévus ont pour l’instant été investis pour faire face à la pandémie.