Repenser l’événementiel face aux nouveaux risques sanitaires – Pablo Nakhlé Cerruti, Directeur général de Viparis

Publié le 06 novembre 2020

Contraint de cesser ses activités face à l’évolution de la COVID-19, le secteur de l’évènementiel, en fermant salons et congrès, se retrouve au pied du mur. Quelles sont les perspectives du secteur pour faire face à ces nouveaux risques sanitaires ? Entretien avec Pablo Nakhlé-Cerruti, Directeur général exécutif de Viparis, qui exploite les plus grands sites de salons et congrès français et européens dont le Parc des expositions de la Porte de Versailles ou le Palais des Congrès parisien.

  • Le confinement a suspendu brutalement vos activités. Alors qu’une reprise du secteur était envisagée à partir de septembre, le couvre-feu et le reconfinement continuent de mettre à mal le secteur. Comment avez-vous adapté vos activités aux multiples contraintes d’ordre sanitaire ?

Pablo Nakhlé Cerruti : Depuis le mois de mars, nous vivons dans une période très instable entre les changements de jauge, d’interdiction de tel ou tel type d’événement et ce malgré les nombreux allers-retours avec le Gouvernement sur des protocoles sanitaires stricts. Toutefois, il faut hélas relativiser l’impact de ces zigzags réglementaires : notre marché, celui des événements, est de fait à l’arrêt.

  • 50% des chambres d’hôtel réservées à Paris chaque année le sont par des voyageurs d’affaires. Le secteur du voyage d’affaire sera donc crucial pour une reprise durable du secteur hôtelier, et du tourisme en général. Quelle place peut-il prendre selon vous dans le redémarrage économique ?

PNC : Qu’il s’agisse des salons où l’on rencontre ses clients, ses partenaires, ses concurrents ou d’un congrès où l’on vient pour se former et s’informer des dernières innovations, un événement, c’est un lieu pour faire du business. Dans chacun des lieux où ils sont organisés, les événements vont être un moteur puissant de la reprise économique et vont dynamiser l’industrie et le secteur de l’hospitalité : transport aérien, hôtellerie, restauration etc.

  • Faut-il repenser l’événementiel afin de faire face aux grands risques soudains, comme les pandémies ? Quelles innovations pourraient émerger afin de tracer la voie d’une nouvelle croissance ? À cet égard, comment combiner le digital et l’événementiel de demain ?

PNC : Trois éléments nous guident désormais : flexibilité, connectivité et diversité des expériences proposées.

La flexibilité, afin d’apporter des espaces qui peuvent se transformer aux exigences de tous types d’événements. Le contenant s’adapte au contenu et non l’inverse.

La connectivité, dans un monde post-covid où les événements seront hybrides, entre rencontres physiques et expériences digitales, c’est d’offrir les infrastructures nécessaires – qu’il s’agisse de la 5G, de Wifi HD, de Bluetooth ou de LoRa pour l’IoT.

Enfin, la diversité des expériences proposées sur nos sites passe par la diversification de nos programmes immobiliers. C’est la raison pour laquelle nous allons accélérer l’installation de commerces, de restaurants, d’hôtels dans nos lieux, comme c’est déjà le cas à Paris Expo Porte de Versailles avec le Mama Shelter, Le Perchoir ou le premier « shop in shop » Relay/Daily Monop’.

Ils viennent s’ajouter aux fondamentaux de l’approche de Viparis : la sécurité de tous les usagers de nos espaces – et désormais dans sa dimension sanitaire – ainsi qu’une stratégie RSE inclusive et créatrice de valeur.

  • L’organisation d’évènements de haut niveau est aussi une question de leadership et de rayonnement international. Comment maintenir la place de Paris dans la concurrence qui se joue dans ce domaine entre les grandes villes mondiales ?

PNC : Il s’agit d’une compétition entre métropoles et depuis les cinq dernières années, Paris avait creusé son avance notamment en termes de congrès médicaux et de grands événements internationaux. Aujourd’hui, le monde entier est à l’arrêt, à l’exception notable de la Chine, pour satisfaire une demande intérieure. Lorsque notre activité sera à nouveau permise, la bataille n’en sera que plus rude.

Paris, dans ce monde post-crise a me semble-t-il deux atouts: la force du partenariat entre les institutions publiques, telles que l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, le Comité Régional du Tourisme de Paris Region ou Business France ; et les opérateurs privés, qu’il s’agisse de Viparis comme de nos partenaires Accor, Groupe ADP, Air France, etc.

Autre atout, la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Il s’agit, du plus grand, du plus beau et du plus important événement de la planète ; un modèle pour toute l’industrie mondiale. Et c’est à Paris qu’ils marqueront le retour en plénitude de notre activité !