Les négociations sur le Brexit entre Européens et Britanniques dans l’impasse

Alors que la pandémie de coronavirus fait rage aux quatre coins du monde et que la tension monte sur le continent comme de l’autre côté de la Manche, Londres et Bruxelles cherchent encore des points d’entente sur leurs futures relations commerciales. Que nous réservent encore les négociations sur le Brexit ? 

Au cours d’un récent sommet européen, le Premier ministre, Boris Johnson, a indiqué sa colère et son souhait de mettre un terme aux négociations, et estimé qu’il ne comptait plus sur la poursuite des pourparlers engagés par les deux négociateurs : Michel Barnier et David Frost. Si le dossier épineux du Brexit a soulevé de nombreux débats et entraîné plusieurs années de discussions politiques tendues à Westminster, quatre ans et demi plus tard, les dés sont pratiquement jetés. Le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union Européenne politiquement depuis le 1er février, mais l’avenir des relations commerciales reste encore à déterminer.

L’avenir des relations commerciales en jeu

En pleine crise sanitaire et économique, le divorce commercial entre les Européens et les Britanniques risque d’être douloureux. Boris Johnson table désormais sur une politique commerciale « made in UK », imposant de facto le rétablissement des contrôles de marchandises à la frontière et visant un développement des parts de marchés pour les entreprises britanniques dans d’autres régions du monde. Une mesure jugée plus que regrettable économiquement par beaucoup d’experts puisqu’elle complexifie les processus commerciaux et administratifs des entreprises, amenées à exporter et importer des produits au-delà des frontières et dans des zones plus lointaines. 

Dans ce climat houleux, l’hypothèse d’un sortie sans accord ne se ferait pas sans heurt et engendrerait notamment un coût administratif via des droits de douanes (en moyenne de 4 à 6 %, pouvant aller au-delà de 100 % pour certaines denrées alimentaires). Un coût diplomatique s’ajouterait à la facture : si aucun accord n’est trouvé, la réconciliation future risque d’être ardue. Or, Londres et Bruxelles devront, tôt ou tard, rétablir le dialogue à d’autres niveaux, en particulier sur les questions de défense, de lutte contre le terrorisme ou le réchauffement climatique.

Un compromis en vue ? 

Mais le blocage de la situation prendrait également racine dans les désaccords politiques internes qui ont considérablement fragilisé les négociations, explique le Premier ministre britannique. Alors que Theresa May a vu son gouvernement s’effondrer en 2019 sur les débats au sein du Parti Conservateur sur l’accord de sortie qu’elle avait négocié, les tensions restent fortes à la Chambre des Communes.

Par ailleurs, le refus de l’Union Européenne d’accorder les mêmes conditions d’accès au marché unique qu’aux Canadiens ne passe pas pour les négociateurs Britanniques. Pour quelles raisons ? À situations différentes, mesures différentes. Étant plus proche sur le plan économique, le Royaume-Uni ne bénéfice pas du même traitement de faveur que son homologue canadien. En cause : le risque de dumping social et fiscal des entreprises britanniques face à leurs concurrentes européennes. Si l’accord n’aboutit pas, les pêcheurs européens perdront eux dans la foulée l’accès aux eaux britanniques, une situation vue d’un très mauvais oeil par le Président de la République Emmanuel Macron. Le spectre du « no deal » plane ainsi sur les négociations, tandis que la pandémie de Covid-19 poursuit ses ravages.